1) Respirer 2) Avoir confiance 3) Se gaver d’information sur l’ensemble de l’œuvre 4) Tout oublier (ou presque)
5) Tenter une première fois de lire l’extrait à réécrire 6) Rire (facultatif, mais ça aide!) 7) Essayer à nouveau de lire l’extrait 8) Plisser les yeux (facultatif, mais ça aide aussi!) 9) Relire encore une fois l’extrait 10) Repérer quelques mots indiquant où se situe l’extrait dans la pièce • Dans le présent cas, l’extrait no8 est composé de trois séquences, soit : la fin de la rencontre entre le fantôme, Hamlet et Horatio; le passage où Polonius demande à un serviteur d’aller espionner son fils; et le moment où Ophélie raconte à son père la visite d’Hamlet fou. 11) Prendre une pause, laisser mariner 12) Lire l’extrait à voix haute (pour tenter de mieux comprendre) 13) Espérer quelque chose (mais pas trop longtemps) 14) Relire 15) Risquer de ne rien comprendre 16) Prendre ça en riant (apprécier que les feuilles soient jaunes! ma couleur préférée!) 17) Mettre sur la glace et dormir là-dessus
18) Relire l’extrait et préchauffer les neurones 19) Saisir crayon (à mine de préférence) et feuilles blanches 20) Ajouter un dictionnaire anglais/français à portée de main (étape facultative) 21) Trouver une table et une chaise ou autres (substitution possible) 22) S’asseoir confortablement 23) Parsemer de café (étape facultative) 24) Relire 25) S’apercevoir que la majorité de « v » sont remplacés par des « u » 26) Différencier les « v » des « u » 27) Identifier les mots anglais des mots français 28) Ne pas comprendre certains passages de l’extrait 29) Trouver les synonymes de certains mots qui ne font pas de sens dans l’extrait et voir si ces synonymes font plus de sens que les mots proposés dans l’extrait. 30) S’apercevoir que les groupes sujet – verbe – complément sont souvent inversés 31) Tenter de remettre dans l’ordre 32) Recommencer 33) Prendre une nouvelle pile de feuilles blanches 34) S’apercevoir qu’il peut être difficile de traduire des jeux de mots dans une autre langue 35) Choisir de laisser tomber certains jeux de mots • Par exemple, dans le présent fragment, le jeu de mots de la « taupe » pour désigner le fantôme, à la fois « espion » et « animal creusant sous la terre » n’a pas été conservé. 36) Définir les informations importantes contenues dans l’extrait • Pour la fin de la rencontre avec le fantôme : mentionner que Hamlet a comme plan de faire semblant d’être fou, et faire juger ses amis qu’ils ne diront rien au sujet du fantôme ou de la folie du Prince. • Pour le passage entre Polonius et son serviteur : cette scène semble plutôt permettre une ellipse de temps (ou un changement de lieu) entre la rencontre du fantôme et d’Hamlet, et la visite d’Hamlet à Ophélie. • Pour le passage où Ophélie raconte à son père la visite d’Hamlet : mentionner que Hamlet est devenu fou, suggérer qu’Ophélie en est peut-être la cause, et indiquer que Polonius à l’intention d’aller en informer le roi Claudius. 37) Laisser tomber certains mots incompréhensibles qui de toute façon ne semblent pas nécessaires à l’évolution du récit 38) Penser longtemps 39) Laisser reposer un peu (reprendre les étapes 17–24 et 30–32 si nécessaire)… 40) Mijoter à feu doux 41) Réécrire en tâchant de faire n’importe quoi • Dans le présent cas, choisir de traduire le texte en québécois relâché. 42) Travailler les différents rythmes pour traduire les différents enjeux • Traduire l’insistance du fantôme qui veut faire jurez les amis d’Hamlet, et la peur des amis d’Hamlet (courtes phrases, silences). • Traduire l’insistance d’Hamlet à convaincre ses amis de ne pas parler du fantôme (longues phrases, détaillées). • Traduire le fait que Polonius s’écoute parler et qu’il cherche le mot juste dans un souci d’imiter l’aristocratie (longue phrase, nombreux synonymes). • Traduire l’efficacité du servant de Polonius (peu de mots). • Traduire le fait qu’Ophélie est effrayée par la visite d’Hamlet (courte phrases, sans sujet, parfois sans verbe, rythme hachuré). 43) Traduire les différences de statut ou les liens entre les personnages. • Montrer la relation de respect d’Hamlet envers le fantôme de son père (ex : « Dis-y bonjour »). • Montrer la profonde amitié et le respect entre Horacio et Hamlet (ex : « my friend », « my lord », « j’te dis un secret Horacio »). • Montrer la volonté de contrôle de Polonius envers ses enfants et son entourage (ex : « va … informe-toi sur sa vie… », « dis-y qui peut jouer sa musique », « je veux savoir…»). • Montrer la soumission d’Ophélie envers son père (ex : «not at all, comme you asked me my dad ») et son l’affection pour Hamlet (ex : « my précious lord »).
44) Rectifier l’assaisonnement 45) Prendre une distance par rapport aux personnages 46) Prendre une distance par rapport à son texte 47) Ajouter les didascalies utiles à l’interprétation (mais ne pas tout dire) 48) Retirer les mots ou expressions qui fonctionnent moins bien • Enlever les expressions pouvant être considérées comme adolescentes vu le choix du québécois relâché. 49) Modifier les répliques qui ne sont pas comprises ou qui sont mal interprétées par les lecteurs • Pour l’extrait no8 par exemple, modifier la réplique d’Hamlet sur la présence du fantôme et la philosophie, et la dernière réplique de Polonius sur sa culpabilité face à la folie d’Hamlet. 50) Ralentir le rythme qu’a Hamlet à la fin de la rencontre avec le fantôme de son père • Montrer que Horacio est dans l’urgence, alors que Hamlet est plus dans la contemplation. • Traduire l’urgence entre le fantôme qui veut faire jurez les amis d’Hamlet, et Horacio qui veut fuir le fantôme. • Faire dire par Horatio la réplique d’abord dite par Hamlet, « Come on s’en va ». 51) Lire les fragments précédents et suivants l’extrait pour s’assurer que les transitions sont correctes • Écrire et parler aux auteurs de ces extraits pour leur poser des questions concernant leur extrait et les transitions. 52) Rester ouvert 53) Tamiser et accepter la critique 54) Badigeonner de lâcher prise 55) Mélanger le tout et se métisser
56) Saupoudrer de métissage 57) S’adapter aux nouvelles propositions et modifications des autres fragments (rester ouvert au changement) 58) S’assurer que les transitions avec les fragments précédent et suivant fonctionnent toujours (modifier en conséquence) • Au départ Hamlet et ses amis était sous influence de la drogue, donc il était possible dans leur délire qu’ils ressentent des secousses, ou un tremblement de terre produit par les hallucinations ou le fantôme. Dans les réécritures suivantes, le fantôme provenait d’un walkie-talkie. L’allusion aux secousses provoquées par les hallucinations ou le fantôme a alors été enlevée. • De plus, Horatio voulait fuir le fantôme, mais si ce dernier est incarné par un walkie-talkie, il fait plus de sens dans la dernière réécriture qu’Horatio éloigne le walkie-talkie de lui, plutôt que de s’éloigner lui-même du walkie-talkie. Certaines répliques ont alors été modifiées (ex : « on s’en va »). 59) Incorporer les suggestions apportées lors du travail en équipe et celles des professeurs • Par exemple, reprendre l’idée que Polonius ne laisse pas parler Ophélie (voir extrait de Germain), et provoquer le comique de cette réalité. 60) Lire l’ensemble des extraits pour s’assurer d’une uniformité du niveau de langue des personnages, du vocabulaire, des champs lexicaux et de la construction du récit; ajuster en fonction des réécritures des autres auteurs • Par exemple, pour l’extrait no8, choisir le mot « père » lors que Hamlet parle au fantôme, plutôt que « papa » ou « p’pa », comme dans l’extrait précédent. • Rajouter de l’anglais dans l’extrait pour l’uniformiser et le métisser avec les extraits qui sont plus des réécritures anglaises que des traductions françaises. • Passer d’un québécois très relâché vers un québécois un peu plus soutenu.
61) Placer la préparation devant public et servir « show » 62) Saler, poivrer (au goût) 63) Savourer (enjoy the moment!)
64) Incorporer mon questionnement sur le fait de prendre plus de trois pages pour tenter d’expliquer comment réécrire un extrait de moins de trois pages. 65) Garnir du vieil adage : « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse, et le repolissez. Souvent effacez, quelques fois ajoutez. » 66) Ajouter les remerciements pour ce nouvel apprentissage : « Réfléchir longtemps, puis faire n’importe quoi. » • Le présent document est, j’ose l’espérer, à l’image de ce précieux legs. 67) Finalement, assaisonner généreusement de remerciements pour tous et chacun pour la belle session!