FragmentXIV
!!!Pantomime. On entend le bruit d’une sirène de bateau. Le roi et la reine de comédie se rencontrent sur le pont. Ils s’embrassent. Cheveux au vent à la manière du film « Titanic». Ils manifestent leur passion mutuelle. La reine part. Le roi s’assoient sur un banc puis, il s’endort. Armé de poison, Lucianus arrive sans être vu. Il verse sa poudre maléfique dans l’oreille du roi et disparait. La reine revient et trouve le roi mort. Elle crie: …Au secours! Lucianus arrive, feint le désarroi, réconforte la reine et part avec elle.
Les dialogues qui suivent se passent simultanément.
(Ophélie avec Hamlet, Femme 1 avec homme1, etc.)
Ophélie : Qu’est-ce que cela veut dire?
Hamlet : Vous ne voyez pas?
Ophélie : Qu’est-ce que cela signifie?
Hamlet : Cela vous choque? La belle affaire…
Ophélie : Pourquoi cette comédie?
Hamlet : Vous êtes affolante ma belle Ophélia…
Entre le prologue.
Dans la salle, des spectateurs parlent entrent eux.
Femme 1 : Nous allons voir du grand théâtre ce soir…
Homme 1 : Avec ces comédiens tout enguenillés?
Femme 1 : Non…pas ceux là…
Prologue : (Très cérémonial) Sire le Roi, Madame la Reine et chers membres de la cour…
Hamlet : C’est un prologue ou une calamité?
Prologue : …nous vous offrons notre tragédie et sommes soumis à votre clémence…
Ophélie : C’est plus court que vous ne le pensiez?
Hamlet : Comme l’amour d’une dame…
Ophélie : Vous n’en manquez pas une.
Hamlet : Le temps file ma princesse.
Le Roi : (S’adressant au Prologue) Quel est le nom de la pièce?
Hamlet : La souricière! C’est une tragédie de vengeance!
Femme 2 : La Souris-Piège?
Femme 3 : La Sou-ris-ci-ère…
Femme 2 : Croyez-vous que c’est vrai ce qu’on dit…Hamlet aime Ophélie?
Femme 3 : Cela crève les yeux.
Femme 4 : On raconte même qu’elle attend du nouveau…
Femme 2 : ho…
Femme 3 : Chut…
Ophélie : Tragédie de vengeance…mais qui se venge de qui à votre avis? Là est la question? Imaginez que le Roi trompe la Reine, il serait naturel qu’elle veuille se venger, non?
Hamlet : Écouter les comédiens et vous comprendrez. Les comédiens ne savent pas tenir leur langue. Ils finissent toujours par la donner au chat.
Ophélie : Et il y en a qui vendrait leur âme au diable.
Hamlet : Mais quelle mouche vous a piqué? Est-ce moi qui vous a fait cette effet-là madame?
Entrent le roi et la reine de comédie. Le roi titube. La reine veut appeler du secours.
Le roi : Non, laissez. Je préfère être seul avec vous. D’autres oreilles n’ont pas à entendre ce que seront mes dernières paroles.
La reine : Ne dites pas cela, vous brisez mon cœur. Vous avez surmonté tant de choses, temps de bonheur a succédé au malheur, vous pouvez faire de même.
Le roi : Tant de temps s’est écoulé. Le sang qui coule dans mes veines arrive au rivage et fait son dernier voyage. Je peux partir et me dire que je fus aimé.
La reine : Et même lorsque vous serez au-delà, je vous aimerai encore. Pour le commun des mortels, je serai vivante, mais aux yeux de Dieu, mon âme sera en exil près de vous.
Le roi : Je suis vieux et ma vie ne tient qu’a un fil. La terre m’engouffre quand je vous parle parce que mon corps ne peut plus vous suivre. Pour me combler une dernière fois, jurez-moi que vous prendrez un époux, promettez-moi que vous choisirez un mari qui vous chérira, qui vous aimera jusqu’à la démesure et qui vous fera renaitre de mes cendres.
La reine : Ce que vous me demandez me tue une deuxième fois. Non seulement vous me parlez d’un voyage que vous ferez sans moi mais vous me demandez de partir avec un autre… Si je prends un second mari, je devrai dissoudre le premier. Mon corps, cette fois, ne brûlera pas d’amour mais de trahison. Oh! Seigneur! Plus de fruit, plus d’eau, plus d’air si mon amour n’est plus et si demain, un deuxième époux se glissait dans mon lit!
Hamlet : O, Seigneur! Mon Dieu! Entend cette prière!!!
Le roi de comédie: À quoi bon nourrir votre mort pour un serment fait dans la tourmente. Nos pensées sont les nôtres lorsque la vie nous appartient…mais elles meurent avec elle.
La reine de comédie: Comment pourrais-je vous obéir sans me trahir? Comment pourrais-je vivre sans mourir avec vous?
Hamlet : En vous parjurant!
Ophélie : Pourquoi l’accuser de parjure si tel est le serment de son amour? Prendre époux en dépit de tout cela ne serait-il pas au contraire une preuve d‘ amour? N’est-il pas question ici de loyauté? D’abnégation? De soumission? D’obéissance?
Hamlet : Et vous, ma mère, que dites-vous de cette pièce?
La Reine : C’est le désespoir qui parle à travers elle, et vous la blâmez mon fils?
Le Roi : Il n’y a pas dans cette pièce matière à condamner une femme, il me semble.
Hamlet : C’est parce que je connais l’histoire. (Il joue) Il est question d’un meurtre. Le roi, Albertus a été empoisonné par Lucianus, son neveu, parce qu’il voulait la couronne. La reine, Baptista, malgré toutes les promesses faites, se parjura et épousa Lucianus, celui-là même qui avait tué son époux…
Hamlet dit : Hou…………………Il fait un geste pour que l’auditoire face de même…
L’auditoire : Hou…….
Le Roi et la Reine se lèvent et sortent. Le reste de l’auditoire suit.
Ophélie : C’est un jeu pour vous, n’est-ce pas?
Hamlet : Qui ne joue pas ici? Même vous, je vous ai vu…ici même…
Ophélie : Vous êtes ignoble…
Hamlet : Peut-être…N’est-ce pas le privilège d’être fou? Être ignoble quand on est amoureux et jouer la comédie lorsque, seul, on dit vrai?
Ophélie : Vous allez trop loin Hamlet… Elle sort.
Hamlet : Pour lui-même. Pour me combler une dernière fois, jurez-moi que vous prendrez un époux, promettez-moi que vous choisirez un mari qui vous chérira, qui vous aimera jusqu’à la démesure et qui vous fera renaitre de mes cendres.
!!!Andrée Desjardins
FragmentXVI