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NeufPieces: M Q2

M Q2

PERSONNAGES
MM : Homme, soldat.
LL : Femme du soldat.
Q1 : Homme, commandant.
Q2 : Homme, commandant.

Un rêve.(MM à genoux, à l’avant centre de la scène, LL debout derrière lui, Q1 au lutrin côté jardin)

LL : T’as entendu ?

MM : C’est quoi ça ?

LL : Je sais pas mais j’aime pas tellement ça.

MM : Allez viens ici.

LL : Dans une minute. Quelle température il fait? J’peux pas vraiment dire s’il fait chaud ou froid, j’enlève une couche parce que j’ai chaud et après j’ai froid.

MM : Allez, viens t’allonger.

LL : [«Viens t’allonger». C’est ta réponse à tout? Toi viens donc à moi! C’est ça tu bouges jamais! T’es attaché au lit!] Allonge toi c’est ça. [Allonge toi pis attend moi.] C’est vraiment tout ce que tu sais faire.

[Elle lui mord la main.]

MM : Ha non s’il-te-plaît pas maintenant.

Près du champ de bataille. (Q1 entre tranquillement côté jardin, touche le bras de MM, il sursaute)

Q1 : Ho, tu es réveillé.

MM : Qu’est ce que vous faites ici?

Q1 : (déambule autour de MM en le fixant, tendre mais craintif)Je voulais m’assurer que tu étais correct, comment va le bras?

MM : De mieux en mieux, ça va.

Q1 : (même jeu)Tu fais encore de la fièvre? Tu parlais en dormant.

MM : Qu’est-ce que je disais?

Q1 : Tu parlais à quelqu’un. Je pouvais pas entendre ce qu’on te disait, de toute évidence. Mais on aurait dit que tu avais besoin de plus d’argent.

MM : C’est pas le rêve de tout le monde ………encore de la bataille ?

Q1 :`(à l’avant-scène, regard au loin, craintif)Bof, une escarmouche. Mais c’est loin d’ici. (presque chuchoté)Par une si belle nuit. (retour du regard sur MM, regain d’énergie, reste sur place)Est-ce que tu peux voir la lune [d’où tu es] de ton poste?

MM : Non.

Q1 : (même jeu)C’est quelque chose. Est-ce que je t’ai assez remercié?

MM : Oui.

Q1 : J’pense pas.( recommence à déambuler autour de MM, énervé et plaintif) Tu as sauvé beaucoup de vie, y compris la mienne. Tes conseils étaient excellents. Peut-être que si je les avais tous écoutés, on serait pas autant dans le trouble.

MM : Bah, ça aurait pu être pire [vous savez].

Q1 : (fixe, face public)On a reçu un message «d’en haut». Il faut qu’on négocie.

MM : Quoi?

Q1 : [Les gens de la capitale on perdu confiance en moi.] (retour regard sur MM)Ils veulent que je négocie la paix dans la région. (regain d’énergie, presque suppliant)J’aimerais que tu viennes avec moi. Es-tu partant pour faire un voyage dans la capitale?

MM : Eeeee. Je.

Q1 : (plaintif, sur un ton de confidence)C’est vraiment stupide de ma part. T’es en train de récupérer [et moi] j’te bombarde de questions. [Je voulais juste te le dire tout de suite. Parce que je tourne en rond et que] j’sais plus quoi faire. [On dirait qu’y a] personne qui veut me parler ce soir. J’ai du sang sur les mains et c’est pas seulement celui de nos ennemis.

MM : C’était une embuscade.

Q1 : (même jeu)Mais tu m’avais averti. Si je t’avais écouté aussi…(se rend compte de l’état de MM, un temps) je suis désolé. T’as besoin de te reposer. On parlera plus tard.(fausse sortie à jardin, triste) Tu aurais dû être en charge. Pas moi.

Maison de MM

LL : [«… Tu aurais dû être en charge, pas moi. C’est vrai.] Cinq de nos hommes sont morts par sa faute et ça aurait pu être tellement pire. Les hommes aimeraient bien avoir sa tête et je suis d’accord. Il est trop incompétent pour diriger des soldats …»

MM : Allez viens te coucher. Il est tard. On a une grosse journée demain.[ Pourquoi lis-tu encore cette lettre ?]

[LL: Pourquoi?!]

[MM : J’ai envoyé c’te lettre là du front après que ce soit produit la bataille. J’regrette ce que j’ai écrit maintenant.]

LL :[ J’attends l’homme qui m’a écrit cette lettre. T’as rien à dire? T’as failli être tué à cause d’un imbécile qui a seulement eu ce poste-là parce que sa mère couche avec des gens importants.] Quand est-ce que tu vas avoir c’que tu mérites? Je vais te dire quand : jamais, parce que personne va jamais rien te donner, tu vas devoir le prendre. Tout le monde sait ce que tu vaux. Tous mes amis à la capitale me demandent : c’est quand son tour ? Quand est-ce qu’il va être en charge ?

MM : Sois patiente.

LL : Patiente! Est-ce que j’ai dit quelque chose quand tu as été affecté dans l’ trou-de-cul du monde? Ça fait cinq ans qu’on est ici. T’as dela force mais pas d’ambition. Tu es comme un chien : on te met un biscuit sur le nez et si on te dit « non ». Tu restes assis, plein de salive, en attendant le « oui ». Et on rit de toi, parce que tu es tellement obéissant mais dans le fond tu pourrais leur arracher la tête. Bien non à la place tu restes assis et tu fais rien.

MM : FERME-LA !

LL : Oui, c’est ça, fâche-toi après moi. Je vais la manger ta merde. Tu manges la leur pis je mange la tienne. Parce que t’es pas capable de leur tenir tête pis de prendre ce qui t’appartient.

MM : Je suis un soldat, [et sans mon devoir je ne suis rien.] Et toi tu me parles de trahison.

LL :[ Mon père a accepté que je t’épouse, toi, un minable soldat. Sais-tu pourquoi ? Parce que tu as été capable de t’élever seulement grâce à ton mérite.] Mon père t’aimait beaucoup, presque autant que moi. Qu’est ce qu’il dirait s’ils nous voyaient ici alors qu’en ville…

MM : ok c’est assez!

LL : [Je suis pas en train de dire des choses que t’avais jamais pensées.] Je sais ce que tu veux. Et je veux que tu l’obtiennes. [Où est mon mari?] Qu’est ce que tu attends, tu es un homme d’action, tu sais ce que tu dois faire. Agis.

La capitale.(MM tombe a genoux à l’avant scène, Q1 entre côté jardin)

MM : Toujours pas sommeil ?

Q1 : (faussement léger, déambule autour de MM en le ragardant)Et toi? Tu as pas à attendre avec moi, [j’ai des gardes]. Ton bras est toujours pas guéri ?

MM : Bientôt, [bientôt].

Q1 : [C’est long.] (même jeu) Comment va ta femme ?

MM : Elle va bien.

Q1 : ( même jeu, cherche l’approbation)Est-ce qu’est contente de la tournure des événements?

MM : Oui.

Q1 : (fixe, face public à l’avant scène)Je connaissais son père. [Un grand homme,] un grand soldat. [S’il était encore vivant, on sait pas. Y’aurait pu diriger tout ça.](Regard à MM) Ça été une journée bien triste pour nous quand il a été tué.

MM : En effet.

Q1 : Elle s’ennuie pas?

[MM : Elle a de la famille ici à qui elle peut rendre visite.]

Q1 : (continue de déambuler autour de MM)C’est une fille de la ville, d’une famille aisée, ça doit être de la torture pour elle là-bas. [Tu veux pas répondre à ça? C’est correct, tu seras pas là pour toujours, sois patient. Si je pouvais faire quelque chose, tu s’rais de retour dans la capitale ben vite.] (fixe regarde MM,presque content) Pourquoi tu es réveillé ? Tu voulais me voir ?

MM : On dirait qu’j’arrive pas à décrocher.

Q1 :(se rembrunit, ton de confidence)J’comprends, [je suis tellement fatigué que j’pourrais même pas dormir. Ma tête est trop pleine de leur merde.] Ils veulent pas négocier. Pas avec moi. (plaintif)Est ce que tu l’as vu de l’autre côté de la table, y pouvait même pas cacher son dégout.

MM : Oublie-le.

Q1 : (même jeu)C’est pas juste lui. C’est nos hommes aussi, [je sais ce qu’y disent : que j’aurais jamais dû avoir ce poste-là. J’suis pas qualifié pour ça.] Tout le monde attendait que je fasse une erreur, et c’est arrivé, j’avais ma chance mais regarde la connerie que j’ai faite.

MM : Il y a toujours du monde qui pense pouvoir faire mieux .

Q1 : (ton de confidence, triste, voire plaintif)Je sais comment ils m’appellent :(dégoûté)La princesse. Tu penses que je l’ sais pas? [J’ai seulement obtenu ce poste-là parce que ma famille a des connections. C’est de la politique.](même jeu qu’auparavant) Personne me prend au sérieux. Alors maintenant, au lieu de les écraser, on est obligé de négocier. J’avais un autre plan, j’en avais un, mais personne de notre bord m’a écouté.

MM : C’était la première journée, les choses vont aller mieux demain.

Q1 : (admiratif)Regarde-toi. Ton bras. T’as presque été tué à cause de mon incompétence, et malgré ça, tu me réconfortes, tu m’encourages. Pourquoi ?

MM : Je suis un soldat, c’est mon devoir.

Q1 : (très triste)C’était pas la réponse que j’espérais. Mais bon. [j’avais pas de raison d’en attendre une autre. Ça suffit. J’en ai assez de tout ça. Je suis tellement fatigué.](très frustré) Si seulement cette ostie de nuit pouvait finir.

Q1 sort ver le côté jardin puis se dirige vers le fond de la scène face public, debout, la tête baissée , MM enlève sont atèle , LL arrive de l’ombre.

LL : Et maintenant ?

MM : Qu’est ce que tu fais ici ?

LL : «On dormait».

MM : je le sais ça, allez retourne te coucher.

LL : Non dis le encore, «on»…

MM : «On dormait».

LL : «On a entendu un cri…»

MM : «On a entendu un cri alors on a couru hors de la chambre».

LL : Non, «j’ai couru».

MM : «J’ai couru hors de la chambre, et je l’ai trouvé comme ça. Ma femme est arrivée…» bon c’est assez les conneries, je vais le faire.

‘’MM sort, se dirige vers le fond de la scène, dos au public, brandi le couteau, l’abaisse, Q1 lève la tête et pousse un dernier soupir en fixant le public, LL attend; un oiseau se pose sur une branche, il la fixe”

LL : Qu’est ce que tu veux ?

L’oiseau s’envole. MM entre, couvert de sang.

LL : C’est fait?

MM : Oui.

LL : Pourquoi il a pas crié ? j’ai rien entendu.

MM : Parce que je sais ce que je fais.

[LL : Est ce que t’as vu l’oiseau.

MM : [Un hibou.] L’oiseau?

LL : [C’était un oiseau, pas un hibou.] Il me fixait. Où est le couteau?

MM : Le quoi…?

LL : Est ce que tu l’as échappé ?

MM : Heu..je crois que je l’ai laissé là.

LL : On peut pas le laisser là.

MM : Je…

LL : Non, j’y vais. Je veux voir si ça été bien fait.

MM : J’ai laissé le couteau. Comment j’ai pu être aussi amateur. Comment j’ai pu laisser le couteau là. Je suis un soldat.

(Revient avec le couteau)(Q1 devient Q2 et se dirige tranquillement du fond de la scène vers l’avant, côté cours et s’installe au lutrin, face public)

LL : T’as pas laissé la fenêtre ouverte.

MM : Je l’ai pas fait?

LL : Non.

MM : Je ne fais jamais d’erreur comme ça.

LL : Shhhut. J’ai ouvert la fenêtre. J’ai enlevé le couteau de sa chair, où tu l’avais laissé. Ses yeux était encore ouvert.

MM : Je ne suis pas nerveux même si je devrais l’être. Est-ce-que mes mains tremblent? Oui elles tremblent.

[LL : Le garde aussi tu l’as tué.

MM : Il était encore éveillé quand je suis arrivé à la porte.

LL : Je croyais que tu allais seulement… c’était juste un pauvre garçon.]

MM : Je vais y retourner et crier, toi, retourne à notre chambre.

LL : Je vais aller cacher le couteau d’abord, il faut cacher le couteau.

[MM : «J’ai bondi hors de la chambre… j’ai entendu un cri alors j’ai couru jusqu’à sa chambre. Ma femme m’a suivi. J’ai trouvé le gardien gisant par terre, j’ai dit à ma femme d’attendre à l’extérieur et je suis entré.» ]

La maison de MM.

Q2 : (au lutrin, face public, presque dégoûté)Je suis jamais venu dans cette partie du pays avant, c’est le trou-de-cul du monde. (MM entre côté jardin, Q2 entre par le côté cours, se dirige vers MM) Je sais pourquoi ils t’ont mis ici. Tu es un des meilleurs, on a besoin d’un homme de ta trempe pour garder une place comme ça en ordre(regard au loin, face public)Crisse comment tu fais c’est tellement triste,(retour regard sur MM) en plus les choses ont dû être pas mal plus tendues depuis les «événements» du mois dernier non?

MM : J’ai toujours l’impression que c’est ma faute.

Q2 : (très détendu)Tu as été dégagé de tout soupçon.

MM : J’ai choisi ce garde, je l’ai mal jugé, il était pourtant bon.

Q2 : (tente de le convaincre et de le réconforter)Pas assez.

MM : Trop jeune, inexpérimenté. Comment j’ai pu faire cette erreur ?

Q2 : (même jeu, un peu plus autoritaire)Tu l’as pas fait. C’est lui.

MM : C’est moi qui l’a recommandé.

Q2 : (àutoritaire)Arrête de te faire du mal. On est sûr que quelqu’un dans nos rangs a aidé le tueur.

[MM : Je sais.]

Q2 : Et sincèrement il y en a plusieurs de notre côté qui trouvaient qu’il était dans le chemin.

MM : Mais…

Q2 : (presque léger, très satisfait de lui-même)C’est pas si terrible. On a réussit à mettre le meurtre sur le dos de l’ennemi, ce qui a clos les négociations. De toute façon, il n’y en a pas beaucoup qui voulaient négocier. L’ennemi a subit de grosses pertes à cause de notre riposte. On va peut-être arriver à finir ça proprement une fois pour toutes. Sans compromis. Personnellement… (très fierj’ai eu son poste et moi, je suis pas une « princesse ». Comment va le bras?

MM : De mieux en mieux.

Q2 :(Un temps, très honnête, face public)T’aurais voulu avoir mon poste hein ?

MM : Quoi?

Q2 : (même jeu, face à MM)T’as pas à faire l’innocent avec moi. Tu le méritais ce poste. Probablement plus que moi. [Peut-être même que tu l’attendais.] Sois patient.(face public, déambule à l’avant-scène) Ton tour va venir. En attendant on a besoin de toi ici. Sur la ligne de front. Dis bonjour à ta femme, c’est dommage je l’aie manqué.

MM : Elle se sent pas très bien.

Q2 : (face public)Son père était un grand homme. “(Salut)” Soldat.(Q2 sort côté cours)

LL : Est ce qu’il est parti?

MM : Pourquoi es-tu encore là?

LL : Penses-tu qu’ils le savent?

MM : Si oui ils s’en foutent.

LL : C’était qui?

MM : Je sais pas, je l’ai jamais vu avant. Mais con comme le dernier c’est sûr que cette guerre finira jamais.

LL : On va pas à la capitale.

MM : Non.

LL : Parfait je veux rester ici.

MM : Retourne dans la chambre et essaie de dormir un peu.

LL : Dormir. Je veux plus jamais dormir. Est-ce qu’avant de mourir il t’a dit quelque chose?

MM : Non s’il-te-plaît arrête.

LL : Était-il réveillé? Quand tu l’as tué ? Est-ce qu’il était surpris de te voir ? Parce que quand j’ai retiré le couteau je pense qu’il m’a vue. Ses yeux étaient ouverts et il me fixait. Je savais qu’il était mort mais il me regardait droit dans les yeux.

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Page mise à jour le 11 septembre 2011 à 06h38