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Être ou Disparaître
- Scène 1 -
1. ADRIEN: Ça n’a aucun sens ! Brûler leurs propres maisons. Ils crient partout qu’ils sont opprimés, qu’ils veulent la liberté et c’est de cette façon qu’ils nous prouvent qu’ils sont prêts à se gouverner, en brûlant leurs propres maisons ?
2. BRIGITTE: Avons-nous vraiment besoin de parler de ça à table?
3. ADRIEN: Ils brûlent leurs propres maisons !
4. ANNE-LAURE : Ils brûlent celles des gens qu’ils accusent d’avoir « collaboré » avec nous.
5. ADRIEN: Hein?
6. ANNE-LAURE : Merci de m’avoir invité à ce charmant souper de famille.
7. ADRIEN: Hein? Oui, c’est rare, mais nous vivons sous le même toit après tout.
8. ANNE-LAURE : La soupe est à quoi? À la merde? Est-ce que c’est votre fameuse soupe à la merde? Ou est-ce que je détecte un petit goût de vomi aussi? Est-ce que c’est votre spécial merde-vomi?
9. BRIGITTE: Si tu n’aimes pas la soupe, ne la mange pas.
10. ANNE-LAURE :Est-ce qu’on mange la soupe ou on la boit? C’est une distinction intéressante…
11. ADRIEN: Bon…
12. ANNE-LAURE : Pour manger il faut mâcher, non? Ya rien à mâcher ici.
13. BRIGITTE: Ça suffit Anne-Laure!
14. ANNE-LAURE : Amine, plus de vin, la bouteille est vide.
15. BRIGITTE: Tu as bu assez de vin comme ça.
16. ANNE-LAURE : Et puis toi, t’as eu assez de maris comme ça.
17. ADRIEN: Peut-on savoir de quoi elle parle?
18. ANNE-LAURE : Marier le frère de papa…
19. BRIGITTE: Ça y est.
20. ANNE-LAURE : « Gertrude. »
21. ADRIEN: Ça suffit!
22. ANNE-LAURE : Il y a rien qui « suffit », ne me parles pas comme si tu étais mon père, tu es seulement mon oncle.
23. ADRIEN: Justement, peut-être que si j’avais été ton père…
24. ANNE-LAURE : Quoi? Quoi?
25. BRIGITTE: Adrien, s’il-te-plait.
26. ANNE-LAURE : Quoi?
27. ADRIEN: Tu ne serais pas devenue aussi gâtée-pourrie.
28. ANNE-LAURE : Onh. « Bébé gâté ». Ouch. J’ai mal. J’ai perdu mon père. Il est parti, du jour au lendemain. Pis celle-là marie son frère pendant que le cadavre est encore chaud. Après on m’invite à un « souper de famille » pour me dire que je suis un bébé gâté?
29. BRIGITTE: Oh, s’il-te-plaît. Tu as perdu ton père? Voyons! Tu ne lui a jamais montré autant d’affection quand il était en vie! Allez, sors d’ici!
30. ANNE-LAURE : Avec plaisir. Va chier. Amine, apporte-moi un whiskey dans ma chambre.
31. BRIGITTE: Je t’avais dit que ça ne servait à rien.
32. ADRIEN: J’aurais aimé que pour une fois nous essayions d’agir comme une famille.
33. BRIGITTE: Elle ne devrait même plus vivre avec nous. D’ailleurs, il nous faut un nouveau cuisinier. C’est vrai que la soupe est répugnante.
34. ADRIEN: Où est-ce que tu t’en vas?
35. AMINE : Est-ce que je dessers la table, monsieur?
36. ADRIEN: Quoi? Non, je n’ai pas fini de manger. Je peux savoir quel est le problème avec la soupe?
- Scène 2 –
37. ANNE-LAURE : Il a été assassiné, assassiné! Même le policier l’a dit : pourquoi est-ce que quelqu’un d’aussi riche que papa se serait tué?
38. AMINE : Ç’a été prouvé hors de tout doute.
[39. ANNE-LAURE : Quelqu’un l’a poussé à le faire.
40. AMINE : C’était bien difficile de faire faire à votre père quelque chose qu’il ne voulait pas.
41. ANNE-LAURE : Il nous haïssait tous. Il me détestait. Il voulait s’éloigner de moi, toujours aussi froid.
42. AMINE : Mademoiselle-]
43. ANNE-LAURE : Je veux creuser la terre sur sa tombe, ouvrir le couvercle de son cercueil, le tirer de là et lui demander pourquoi? Tu l’a connu plus longtemps que moi; tu es dans la famille depuis bien avant ma naissance : pourquoi il l’a fait ça?
44. AMINE : Tout ce que je sais, c’est que ce n’était pas un homme heureux.
45. ANNE-LAURE : Mais il avait tout.
46. AMINE : C’est ce que je croyais moi aussi, mais apparemment, non.
[47. ANNE-LAURE : Tu ne m’aides pas du tout, hein? « L’aide domestique» n’aide même pas. Tu es ici pourquoi alors?
48. AMINE : Vous m’avez demandé du whiskey-
49. ANNE-LAURE : Laisse tomber. Je m’en vais dans un party de toute façon. Où sont mes clefs?
50. AMINE : Je vais appeler un chauffeur, vous ne devriez vraiment pas-]
51. ANNE-LAURE : J’veux te montrer quelque chose. J’ai commencé à acheter des fusils, puisque papa aimait tellement ça. Je me suis mise à en acheter, moi aussi. J’en ai déjà quatre. Je suis collectionneuse. Aimes-tu celui-là? Penses-tu que papa l’aurait aimé? Penses-tu qu’il aurait pris celui-là ? Tu te sens comment quand il est braqué sur toi? T’as pas peur.
[52. AMINE : Arrêtez ça.
53. ANNE-LAURE : Tu es aussi froid que lui. Je comprends pourquoi tu étais son majordome. Vous avez été tricoté avec la même laine.]
54. AMINE : Bonne nuit, mademoiselle.
- Scène 3 –
55. ADRIEN: Dis,qui donc est cette Gertrude? Pourquoi t’as-t-elle appelé Gertrude? Elle disait ça pour m’insulter?
56. BRIGITTE: Arrête, s’il-te-plait arrête! On a ce qu’on voulait, on est ensemble, non? On ne pourrait pas essayer d’en profiter le plus possible? Si Clément n’était pas mort on n’aurait jamais pu s’afficher publiquement! Ma fille est un gros bébé gâté, tu as raison [là-dessus]. Garde son compte de banque rempli, puis laisse-la faire. On ne fera plus de dîners de famille, c’est terminé.
[Toc toc Toc
57. ADRIEN: Qui est-ce?
58. AMINE : Amine.
59. ADRIEN: Entrez! Oui?
60. AMINE : Vous m’avez demandé d’apporter un cognac à votre chambre.
61. ADRIEN: J’ai fait ça? J’ai fait ça. Mettez-le là.
62. BRIGITTE: Merci Amine.
63. AMINE: Madame.
64. ADRIEN: Dites-moi, Amine…Depuis combien de temps êtes-vous au service de notre famille?
65. AMINE : J’ai été engagé par vos parents alors que monsieur Clément était au collège.
66. ADRIEN: Oui ça me revient! J’étais déjà parti de la maison. Vous avez remplacé votre oncle après sa mort.
67. AMINE : En effet, monsieur.
68. ADRIEN: Les gens de votre espèce font d’excellents domestiques. Qu’est-ce que vous pensez de toute cette agitation? Votre peuple qui demande le droit de déterminer son avenir, qui se révolte, hem?
69. BRIGITTE: Adrien.
70. ADRIEN: Non, je suis curieux. Nous avons un des leurs à la maison. Je voudrais avoir leur point de vue, les comprendre!
71. AMINE : Il n’y a pas vraiment de réponse simple à cette question, monsieur.
72. ADRIEN: Vous pensez sérieusement que des gens comme vous êtes prêts à gouverner le pays?
73. AMINE : Personnellement, je ne sais pas s’ils, si nous sommes prêts.
74. ADRIEN: Ha!
75. AMINE : Nous ne le serons certainement pas si on ne nous en donne jamais la possibilité.
76. ADRIEN: Exactement ce que je pensais. Personne ne peut me répondre clairement. Nous n’avons plus besoin de vous ici Amine, vous pouvez disposer.
77. AMINE : Monsieur. Madame.
78. ADRIEN: Je ne l’aime pas.
79. BRIGITTE: Arrête.
80. ADRIEN: Toujours en train de nous épier.
81. BRIGITTE: Il ne nous surveille pas.
82. ADRIEN: Vous êtes quelque part à placoter tranquillement et vous réalisez tout à coup qu’il était dans la pièce depuis le début.]
- Scène 4 –
(Anne-Laure dans les bois buvant à même la bouteille et tirant au fusil)
83. ANNE-LAURE : Je devrais te sortir de terre. (tire le fusil) Je veux voir ce qu’il reste de ton visage, le cercueil était fermé à la cérémonie, alors [comment est-ce que je peux savoir?] Comment est-ce que je peux savoir que c’est vraiment toi dans la boîte? (tire)[ Je te ressemble vraiment, je ressemble presque pas à maman. Je ne peux pas me regarder dans le miroir sans te voir maintenant. (tire)] Maman baise avec ton frère, han, qu’est-ce que tu penses de ça papa? (tire)[ Peut-être que c’était un accident.] Je pourrais avoir un accident moi aussi.[ (tire) On ne sait pas trop comment,] pendant une pratique de tir dans les bois, seule, oops, elle s’est tirée. (tire) Comme son père. (click, le fusil est vide)[ Fuck. Il faut que je recharge. Que je recharge pour avoir un accident. (prend une gorgée de la bouteille) Alors c’est à ça que ça ressemble, voir le fond du tonneau et mettre le canon dans sa bouche- AGH! (elle se brûle les lèvres sur le fusil)] C’est pas drôle. C’est pas drôle papa. C’est pas drôle du tout!
- Scène 5 -
84. ADRIEN: Je sais qui me l’a volée.
85. BRIGITTE: Comment peux-tu penser à ta stupide coupe quand-
86. ADRIEN: Elle n’est pas stupide!
87. BRIGITTE: [Quand notre maison pourrait brûler!] Regarde les flammes. Et touche la fenêtre, la vitre est chaude. Est-ce que le vent souffle par ici?
88. ADRIEN: [Personne ne s’introduit dans une maison pour y prendre juste un objet à moins de savoir exactement où il est. De toute façon personne n’est entré ici.] Non, c’est certainement quelqu’un de la maison qui a fait le coup. Et on sait qui, ici, nous déteste assez pour faire ça.[ Elle veut sans doute le vendre pour financer sa débauche.
89. BRIGITTE: Je te l’ai dit, garde son compte de banque plein-
90. ADRIEN: Sais-tu combien elle dépense en vêtements et en sorties? Qu’elle aille au diable!]
91. BRIGITTE: Est-ce que le feu se rapproche? Où est Amine? Amine?
92. ADRIEN: Elle est saoule depuis que son père s’est tué. [Dieu du ciel!] Je vais continuer à chercher.
93. BRIGITTE: Il n’y a pas d’éléctricité, il fait noir.
[94. ADRIEN: J’ai une lampe de poche.]
95. BRIGITTE: [C’est de la folie.] Amine? Où es-tu? Amine? Amine !?
96. AMINE: Madame.
97. BRIGITTE: Où étais-tu?
98. AMINE: J’étais-
99. BRIGITTE: [Oublie ça.] Est-ce que le feu se rapproche?
100. AMINE: Je crois qu’ils l’ont sous contrôle.
101. BRIGITTE: À qui est la maison qui brûle?
[102. AMINE: Je ne suis pas sûr.]
103. BRIGITTE: C’est l’un des vôtres, non?
[104. AMINE: Je ne sais pas.]
105. BRIGITTE: Va parler aux pompiers. Dis-moi quand le courant va revenir.
[106. AMINE: Madame?]
107. BRIGITTE: Je déteste le noir. Sors et demande à quelqu’un. Je veux une réponse.
108. AMINE: C’est que Monsieur Adrien m’a demandé de chercher le calice.
109. BRIGITTE: On se fout du calice, t’entends? On s’en fout! On va tous crever ici, on va tous brûler vifs! [Ce maudit calice, il l’a probablement juste oublié quelque part, il le sort toujours pour rien, ce foutu calice.] Quand est-ce que les lumières vont revenir? Informe-toi.
[110. AMINE: Oui madame.]
111. BRIGITTE: [C’est de la folie.] Je peux encore voir les flammes. On n’est pas en sécurité. On n’est pas en sécurité.
- Scène 6 –
112. ANNE-LAURE : [Il a fait irruption dans ma chambre.] Je ne savais pas qui c’était. Il y a eu toutes ces émeutes, même dans notre quartier. Je dormais. Il entre et il va directement vers le garde-robe. Je ne savais pas qui il était. J’étais endormie.
113. POLICIER: Et saoule.
114. ANNE-LAURE : Ouais un peu, et puis? Je revenais d’un party. [J’me suis effondrée. Et lui] il est rentré, il est allé dans le garde-robe et il est sorti, il faisait noir[, je ne savais même pas si c’était le matin], il avait un couteau dans sa main. Alors je lui ai tiré dessus. Il est tombé. Sauf que quand j’ai ouvert la lumière, c’était mon oncle.
115. POLICIER: Votre beau-père.
116. ANNE-LAURE : Mon oncle. Puis ce que je croyais être un couteau, c’était sa coupe chérie.
117. POLICIER: Comment est-elle retrouvée dans votre chambre?
118. ANNE-LAURE : J’en ai aucune idée. Je ne sais pas. Je n’ai pas pris sa maudite tasse. [Je l’ai pas fait] et vous ne pouvez pas prouver que je l’ai fait. C’est pas parce qu’elle était dans ma chambre que ça prouve quoique ce soit. [Si je l’avais pris, pourquoi est-ce que je l’aurais pas vendue? Ça faisait une semaine qu’il ne la trouvait pas. Et pourquoi est-ce qu’il savait lui, vous êtes vous demandé ça, monsieur l’agent? Pourquoi est-ce qu’il a soudainement su qu’il devait regarder dans ma chambre?] La personne qui lui a dit de chercher sa coupe dans ma chambre, c’est elle qui l’a volée.
119. POLICIER: Excusez moi une minute.
[120. ANNE-LAURE : Où vas-tu? Hein, ramène-moi un drink, quelque chose.
121. POLICIER: Vous avez de l’eau.]
122. ANNE-LAURE : Un drink. Apporte moi un drink. Aweille, vous êtes des policiers, vous devez avoir une bouteille de rhum dans un tiroir en quelque part. Apporte-moi de l’alcool. Apporte-moi de l’alcool!
- Scène 7 –
123. BRIGITTE: Ils sont tous partis?
124. AMINE: Oui.
125. BRIGITTE: Les deux frères enterrés dans la même année. [Puis regardes les ceux-la avec leurs faux airs, tous endeuillés. Ils doivent en rire sur le chemin du retour!] Je veux la paix. Qu’avons-nous fait pour mériter ça?
126. AMINE: On dit qu’il est impossible de savoir comment nos plans tourneront.
127. BRIGITTE: C’est quoi, votre sagesse populaire?
128. AMINE: Certaines choses tournent mieux que prévu, d’autres…ne sont que déceptions.
129. BRIGITTE: J’aurais pu, enfin, être heureuse, débarrassée d’un mariage terne. J’aurais terminé mes jours dans les bras de quelqu’un qui était – bon j’avoue, plutôt stupide- mais un homme, au moins. Un homme. Au lieu de ça, ton peuple fout le bordel dans tout le pays, ma fille est en prison et mon amour est mort. Nous allions révéler notre secret et- sais-tu à quel point c’était dur d’avoir l’air « grave », de jouer la comédie [pendant des mois], avant qu’Adrien et moi puissions finalement annoncer notre mariage?
130. AMINE : Avec tout le respect que je vous dois, Madame, tout le monde savait.
131. BRIGITTE: Tout le monde?
132. AMINE: Tout le monde.
133. BRIGITTE: C’est certain que Clément le savait. Et il s’en moquait.
134. AMINE: Oui.
135. BRIGITTE: Et il avait ses propres histoires. Pendant des années. N’essaie pas de le cacher. Je pouvais sentir l’odeur du sexe sur lui certains soirs. Je lui ai demandé le divorce. Jusqu’à ce qu’il se tue. [Je serai enterrée ici, moi aussi. À côté de mes deux maris, dans la fausse familiale. Peu importe où je meurs. Parce que, qu’on le veuille ou non, je fais partie de la famille. Ses parents ne m’ont jamais aimée. Je n’étais pas à la hauteur des attentes qu’ils avaient pour lui. J’étais trop sauvage, trop libre. Je crois que Clément m’a mariée pour les contrarier, c’est tout. Pourquoi est-ce que je te dis ça,] tu étais là. Tu ne m’as jamais aimée toi non plus. Non. Non?
136. AMINE: C’est une question… injuste.
137. BRIGITTE: Tu es renvoyé.
138. AMINE: Très bien.
139. BRIGITTE: Je quitte le pays pendant que j’ai encore de l’argent. Cet endroit va droit en enfer. Ton peuple n’est pas prêt à gouverner, tu n’es pas d’accord? Oh, allez, tu es renvoyé, tu peux me dire la vérité.
140. AMINE: Je suis un domestique. Je vis entre deux mondes. Je n’appartiens ni à mon peuple, ni au vôtre.
141. BRIGITTE: De toute façon ça n’a aucune importance. Dans une semaine, je serai aux États-Unis d’Amérique.
142. AMINE: Les gens vont penser que…
143. BRIGITTE: Oui?
144. AMINE: Que vous abandonnez votre fille.
145. BRIGITTE: Beaucoup de gens trouvent horrible que j’aie témoigné contre elle. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ce qu’ils pensent de moi, je pars. L’argent est à moi. Alors adieu à mes deux maris. Tu ne me croira peut-être pas, mais j’aimais [vraiment]Clément au début. Il était si mystérieux. C’était attirant.
146. AMINE: C’était un homme difficile à comprendre.
147. BRIGITTE: [Il était impénétrable.] C’est pour cette raison que je n’ai jamais pu lui donner de fils. Le sexe est tombé tout de suite après le mariage. Par un miracle quelconque nous avons eu Anne-Laure. Qu’est-ce que j’étais supposée faire, vivre une vie de nonne? De nonne bourgeoise? J’ai demandé le divorce… Est-ce que tu pleures? Amine, est-ce que tu pleures?
148. AMINE: Excusez-moi.
149. BRIGITTE: Pourquoi pleures-tu? À cause de Clément?
150. AMINE: Nous étions amants.