Historique de NeufPieces.TradRjQ

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11 septembre 2011 à 06h37 par SZ -
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R : un jeune homme (joue aussi le chien)

J : une jeune femme

Q la cadette de Juliette

  • Un rêve

Q : Je suis laide.

J : Alors regarde-toi pas.

Q : Je suis hypnotisée par ma laideur.

J : [Tu cherches des compliments. C’est quoi, je suis supposée te dire :] Non, t’es pas laide, ton visage est unique. [Ou] : t’as de beaux yeux. [Ou] : la beauté est à l’intérieur, c’est ce qui est à l’intérieur qui compte. (Rire)

Q : C’est facile de rire pour toi, t’es pas laide.

J : De toute façon, c’est pathétique. Demander des compliments à sa sœur. Même si je te trouvais belle, qu’est-ce que ça changerait ?

Q : Même si tu…même si? Donc - Julie ? Julie? T’es qui ?

Chien : Je suis un chien.

Q : Les chiens parlent pas.

Chien : Je suis un chien. Et je parle.

Q : Et bien moi je te parle pas. Qu’est-ce que tu veux ? [Ravale ta langue. (Le chien liche la jambe de Q.) Arrête!]

Chien : Pas d’amour. Jamais de la vie. Tu mourras sans avoir connu l’amour.

  • Une maison

Q : Julie ? Julie ?

J : C’est qui?

Q : C’est moi, est-ce que je peux -

J : Juste une minute… [C’est qui ?

Q : C’est moi.]

J : Qu’est-ce qui se passe ?

Q : Je peux pas dormir.

J : Bon, qu’est-ce que tu veux ?

Q : Je peux pas dormir, je t’ai entendu te lever… J’ai entendu - Est-ce qu’on doit absolument continuer à se parler à travers la porte ?

J : Attends…
Bon. Qu’est-ce qu’il y a ?

[Q : Est-ce que je peux entrer ?

J : Quoi ? Excuse. Oui.]

Q : J’ai fait un rêve vraiment étrange … Ta fenêtre.

J : Oui.

Q : Ton balcon, c’est grand ouvert.

J : J’attends que le vent se lève, je peux pas dormir.

Q : C’est pas sécuritaire.

J : Personne va entrer par mon balcon.

Q : Papa dort pas non plus. Je suis passée devant sa chambre, la lumière était allumée, je l’ai entendu parler.

J : Personne pourrait dormir de toute façon.

[Q : Oui. Après d’aujourd’hui…ce qui s’est passé.

J : Quoi ?]

Q : Après ce qui est arrivé aujourd’hui.

[J : Je parlais de la chaleur.]

Q : T’étais là. T’as vu ce qui est arrivé. Ils nous ont attaqués sans raison.

J : Il y a toujours une raison.

Q : Tu crois que - qu’ils avaient une raison pour -

J : C’est pas ce que j’ai dit, j’ai dit qu’il y a toujours une raison. Qu’elle soit bonne ou pas, c’est autre chose.

Q : Quand tout s’est terminé, papa s’est mis à pleurer. Il pleurait. Il a dit qu’on était pris ici. Il a dit qu’on aurait dû partir quand il en était encore temps, il y a des mois. Il a dit que c’était impossible de partir maintenant, avec tout ce qui se passe. Personne pouvait prévoir que ça tournerait aussi mal.

J : J’ai pas envie de parler de ça. Pas maintenant. Je voudrais aller me coucher.

Q : Tu parlais avec l’un d’eux.

J : Quoi ?

Q : Pas à un des pires, mais -

J : Je me souviens pas à qui je parlais. Ça s’est passé tellement vite.

Q : Qu’est-ce qu’il te voulait ?

J : Ce qu’il me voulait ?

Q : Je t’ai vu –

J : Je ne sais pas à quoi tu veux en venir. Tu viens ici en plein milieu de la nuit, après une journée de fou, je suis épuisée moi aussi et t’es là avec tes questions et…retourne dans ta chambre. Le vent s’est levé. Je veux aller dormir.

Q : Bonne nuit alors.

J : Bonne nuit. Bonne nuit…

  • La rue

Q : Allo. Allo.

R : Je te connais ?

Q : J’espère. T’étais au rassemblement.

R : Vraiment ?

Q : Je t’ai vu.

R : C’était pas moi.

Q : C’est drôle, comment je me souviendrais de toi [au point de te trouver dans la rue], considérant que je t’ai jamais vu.

R : Tu devrais pas être ici.

Q : On a plus le droit de marcher dans la rue ?

R : Pas dans cette partie de la ville.

Q : Dans cette partie de la ville. C’est ma ville. Je marche où je veux.

R : Bonne chance à toi alors.

Q : Tu dis que tu sais pas qui je suis ? Je pense que tu le sais.

R : Pourquoi ? Pourquoi je te connaîtrais ? T’es qui? Personne. Salut.

Q : Ça a mal fini, le rassemblement.

R : C’est ce que j’ai entendu. Excuse-moi -

Q : Tu l’as entendu ? T’étais là.

R : Regarde -

Q : Une bagarre de rue bien ordinaire. Ça devait en venir à ça. Je t’ai vu, te battre.

R : La politique m’intéresse pas.

Q : Qu’est-ce qui a fait que ça a dégénéré - vous êtes pourtant des gens “civilisés”.

R : C’est vous qui avez commencé.

Q : Nous.

R : Oui.

Q : On a commencé, c’est ce que t’es en train de dire ?

R : Mon Dieu, t’es rapide.

Q : Et vous, vous avez rien à voir avec tout ça.

R : Il y aurait jamais dû avoir de rassemblement. En pleine rue.

Q : C’était notre droit. Tu peux pas nous dire quoi faire ou pas faire. Si tu nous connaissais, tu aurais su que c’était notre jour de fête. Et vous vous êtes invités.

R : Mais on a rien fait.

Q : Ah.

R : On s’est juste défendus.

Q : Vous êtes venus gâcher notre fête, tout détruire -

R : C’est drôle que t’appelles ça une fête.

Q : Comment t’appellerais ça ?

R : Au mieux ? Une manifestation.

Q : Au pire ?

R : Une provocation. Un défi. Tu souris.

Q : C’est que…Je te crois pas. Il y a quelque chose de faux dans ton attitude, dans ta façon de m’insulter. Parce que je sais ce que tu faisais vraiment là-bas. Je le sais.

R : De quoi tu parles ? “Je sais ce que tu faisais là-bas , je t’ai vu.” Ooh. Est-ce que t’as au moins quelque chose à dire ?

Q : Une question. Pourquoi tu m’attaques pas? Essaie, au moins. On est seuls. Je devrais pas être là. [Tu nous hais tellement,] tu devrais sauter sur l’occasion. [Au moins appelle quelqu’un pour qu’il le fasse à ta place.] Quelque chose t’empêche [de me frapper]. C’est quoi ?

R : T’es juste chanceuse. Chanceuse de m’avoir rencontré. Chanceuse que je sois pas une bête. N’importe qui d’autre en aurait profité. Rentre chez toi. Retourne dans ton trou. (R sort.)

Q : Oh mon Dieu, c’est vrai. J’avais raison. Ça se peut pas, mais oui.

  • Dans le cimetière

J : Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

R : Bien, merci, et toi?

J : Fais pas ça. S’il te plaît. C’est complètement fou. J’ai failli pas pouvoir sortir. C’est tellement tendu chez moi.

R : Viens ici.

J : Non. S’il te plaît. Fais juste…rester où t’es. Qu’est-ce qu’il y a ?

R : J’ai vu ton ta soeur aujourd’hui.

J : Oh mon Dieu.

R : Elle est venue me voir. Elle sait qui je suis. Elle a dit qu’elle m’a vu durant l’émeute.

J : Où tu l’as vu ?

R : Dans la rue. Dans ma partie de la ville. J’ai essayé d’avoir l’air dur. Je pense pas qu’elle m’a cru. Elle est folle. Si quelqu’un d’autre l’avait vu -

J : Oh mon Dieu. Et elle nous a presque surpris hier soir dans ma chambre.

R : Regarde -

J : Non. Reste là. S’il te plaît. Je…je peux pas continuer.

R : On peut partir demain.

J : Quoi ?

R :[ Je peux nous faire sortir demain dans la nuit.] Il faut que ce soit demain dans la nuit. [Mon ami -]

J : [Demain dans la nuit ?] T’es en train de me dire que c’est ma dernière nuit ici. Alors laisse-moi la regarder. Une dernière fois.

R : Je déteste cet endroit. Je vais être content de jamais le revoir.

J : T’as jamais été bien ici ?

R : Pas comme toi, petite fille de riche.

J : Ta famille est aussi riche que la mienne.

R : On est juste plus subtils dans notre façon de le montrer.

J : C’est parce que c’est de l’argent sale. (Ils s’embrassent) Je n’avais jamais vu la ville d’ici, du cimetière. Tu m’avais demandé de te rencontrer ici.

R : Il y a personne ici pour nous voir.

J : Je sais pas comment on a fait pour jamais se faire prendre tout ce temps.

R : J’ai toujours trouvé les cimetières romantiques.

J : Comment j’ai pu tomber en amour avec un idiot comme toi ?

Q : C’est touchant.

J : Oh mon Dieu.

Q : Vraiment, c’est magnifique.

J : Tu m’as suivie?

Q : Même dans l’adversité- nos deux clans en pleine guerre. Mais l’amour triomphe de tout.

R : Reste là.

Q : Ou quoi ? Ou tu vas faire quoi ?

R : Qu’est-ce que t’as entendu ? Qu’est-ce que tu nous as entendus dire ?

Q : À quoi tu penses? Vos hormones, votre petite attraction sexuelle est plus importante que la vie des autres? Savez-vous ce qui va arriver quand tout le monde va entendre cette histoire, ce que ça va faire à vos familles ? Traîtres.

J : Regarde autour : cette guerre-là a rien à voir avec nos familles ou l’honneur ou même l’histoire, c’est juste de la haine. Et t’avales tout ça.

Q : Est-ce que c’est pas beau ? Est-ce que c’est une façon correcte de parler à un membre de sa famille ? Sale pute égoïste. Il y a des millions d’hommes parfaits pour toi parmi les tiens. Tu le veux lui parce que c’est interdit, tu veux te sentir spéciale, au-dessus des autres. Et bien t’es pas spéciale, t’es juste avide. Et gâtée. Et traîtresse. Tu peux pas vraiment l’aimer.

J : Parle moins fort.

Q : Laisse-moi deviner : il est pas comme les autres. Lui, c’est un des bons. Il se bat pour la paix.

R : Tu sais que c’est vrai.

Q : Tu peux pas aimer l’ennemi, tu peux pas.

R : On s’en va maintenant.

J : Écoute-moi : tu comprends rien. Tout ce que tu fais, c’est répéter les mots de nos parents. Tu peux pas comprendre ce qu’on ressent l’un pour l’autre. T’as jamais vraiment compris pourquoi tu te battais. Tu vois notre père se détruire. Tu vois de la violence. Tu sais pas pourquoi. Tu t’accroches à n’importe qui pourrait t’aider à comprendre. Même si ce à quoi tu t’accroches c’est faux. On veut rien d’autre que la paix. C’est tout. Tu comprends ? Laisse-moi partir. S’il te plaît. On…reparlera de ça demain matin. Ça va ? Merci.

(R et J sortent, soudainement :)

Q : Ici! Quelqu’un! Par ici!

J : Qu’est-ce que tu fais ?

Q : Je te laisserai pas partir. Par ici ! Au secours !

J : Tu vas me dénoncer ?

Q : À l’aide ! Par ici !

J : Je suis ta sœur.

Q : Au secours !

(R attaque Q, Q est gravement blessé; un chien aboie de loin.)

J (à R) : Qu’est-ce que t’as fait ? T’avais pas à faire ça. Qu’est-ce que t’as fait ?

Q : Tu les entends ? Les chiens. Je les entends.

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