(1998)
Mabel veut organise un «croquet party» comme elle le faisait auparavant, à chaque année. C’est l’occasion pour elle de revoir plusieurs ami-e-s qu’elle n’a pas vu-e-s depuis longtemps, sa vieillesse et sa difficulté à marcher l’empêchant de pratiquer un grand nombre d’activités. C’est également pour elle une sorte de catalyseur, qui la fait retomber dans son enfance et sa jeunesse: la première fois qu’elle a défié sa mère, un conflit avec son mari alcoolique, son enfance auprès de la cuisinière de famille et sa fille, etc. Peu à peu, les souvenirs de la vieille dame commencent à s’entremêler avec la vie réelle, pour se terminer à la toute fin avec un souvenir unissant la mort et la création, la fin et le début.
Dans un style très statique (malgré les nombreux mouvements suggérés par les didascalies), Tina Howe met en scène la tendresse et la colère des vieilles personnes. Elle nous montre le (dernier?) désir d’une vieille femme, et sa vie, comme s’il s’agissait d’une vieille photographie ou d’un portrait de famille à l’huile sur toile. L’anglais d’aujourd’hui s’entremêle à ceux des grands poètes et de l’aristocratie du 19ieme, ainsi qu’au français. Les personnages aussi se mélangent, car on y retrouve des gens de toutes classes et de toutes époques confondues.
C’est donc à la fois au passé et au présent, dans une sorte de grande euphorie hallucinatoire de fin de vie, que l’auteure nous présente son personnage de Mabel Tidings-Bigelow.
Si la pièce n’est pas sans intérêt, on peut lui reprocher cependant son caractère statique. Le texte manque cruellement d’action, chaque acte aboutissant sur des scènes de “jeu de société” (Charades à l’acte 1, Croquet à l’acte 2) qui mériteraient d’être beaucoup resserrées. On peut également reprocher au texte son conservatisme, et l’inutile confort nostalgique dans lequel il plonge le spectateur.