(2001)
Deux frères afro-américains (Booth et Lincoln) abandonnés par leurs parents à l’adolescence tentent de lutter contre la pauvreté. Lincoln, l’aîné, travaille dans les fêtes foraines où il met en scène le meurtre d’Abraham Lincoln et où les visiteurs payent pour le tirer à blanc. Booth, le cadet, essaie de développer des techniques de bonneteau, sans pourtant exceller. Son frère lui montre certains rudiments, car celui-ci était anciennement un véritable as des jeux d’argent.
La pièce exhibe le quotidien des deux frères qui vivent ensemble dans une chambre miteuse. Elle témoigne également de la relation intime qu’ils nourrissent l’un à l’égard de l’autre. À travers le ressassement des souvenirs obscurs de leur famille morcelée, leur relation oscille entre l’amour fraternel, les querelles, l’indifférence, la violence et le désir de dominer l’autre. À la toute fin, le désir de dominance atteint son apogée et conduit Booth à l’homicide fraternel, alors qu’il gage avec son frère et perd l’héritage de sa mère.
Portée par un rythme saisissant, Suzan-Lori Parks explore les structures du pouvoir, de l’oppression et de l’asservissement. Par la matérialisation d’une relation fraternelle, le spectateur assiste autant à l’amour, qu’à la haine. Parks invente un véritable langage entre le réalisme et le lyrisme pour parler du pouvoir, du désir de dominance, d’une lutte constante entre un homme et son semblable; une lutte viscérale, répugnante, mais pourtant définitivement humaine.