(1977)
Dans une maison de campagne, sur une ferme abandonnée, Dodge un vieillard cynique et alcoolique, dort lorsqu’il n’est pas rivé à la télévision. Il pleut depuis des jours. La maison abritait autrefois une famille en apparence normale, des fermiers, des enfants… Bref, tout ce qu’il y a de plus américain. Les années passées ne réussissent pas à cacher que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison. Leurs deux enfants, Tilden et Bradley, ont des handicaps différents, un mental, l’autre physique. Dodge, le père, souffre d’alcoolisme et sa femme part en cavale des journées entières et flirte avec le révérend. Mais, lorsque débarque à l’improviste Vince (le fils de Tilden qui semble tombé dans l’oubli) et sa copine Shelly, ils se voient confrontés à leur passé. C’est le moment des aveux. Le secret est dur à libérer mais c’est finalement Tilden qui fléchit et avoue le malheureux crime commis par son père.
Buried child nous amène dans un univers décalé. Cette étrangeté est charriée entre autres par la cour arrière mystérieuse fournissant soudainement une abondance de légumes. Le maïs déposé au centre du plateau et la façon dont Tilden recouvre son père d’épluchures alors qu’il dort est tout à fait insolite, tout comme les doigts de Bradley dans la bouche de Shelly. C’est dans ces moments, comme des failles dans le réalisme, que la théâtralité de Shepard fait son entrée. L’auteur, entre des dialogues qui à la fois construisent et détruisent le modèle américain, crée des images fortes qui s’évanouissent « with the sound of clippers and rain. » La pièce remporta le Pulitzer en 1979.