(1974)
La pièce commence sur une scène quasiment vide. Une ligne de ruban adhésif collé au sol constitue la scénographie. Les didascalies font aussi mention d’un éclairage qui évoque le passage entre la nuit et le jour. Cinq personnages, à commencer par Flemming le sportif, prendront place sur scène. Équipé de victuailles et de bière, Flemming a passé toute une nuit là pour être le premier en ligne. Faire la ligne pour quoi? Au cours de la pièce, on ne le saura jamais. Stephen, hyperactif verbal, qui lit dans les portefeuilles et admirateur fini de Mozart, investira la scène, suivi de Molly, femme effacée rondelette, Dolan, peintre philosophe égoïste, et finalement, Arnall l’époux grognon de Molly. L’interaction entre les personnages donnera lieu à un jeu de pouvoir et de manipulation pour accéder à la première place. Ce n’est plus le but de l’attente qui importe, mais le fait d’obtenir la première place. Plus la pièce avance, plus le caractère vicieux ou psychopathe des personnages se dévoile. Stephen, qui semblait stupide au départ, manipule tout le monde, les abuse verbalement, change les règles du jeu. Molly copulera avec tout le monde pour accéder à la première place . Arnall fait mine de ne pas porter attention aux infidélités de sa femme alors que cela le rend malade. Finalement, Flemming qui semblait le plus vigilant s’avère impuissant et se fait marcher sur les pieds par tout le monde.
Irsael Horovitz est le dramaturge américain encore vivant le plus joué en France. Il est à la fois influencé par deux courants artistiques :l’absurde et le réalisme américain des années 50. Les auteurs qui l’ont inspiré sont Ionesco, Beckett (son auteur fétiche), Edmund Wilson et Edward Albee.