(2009)
Christa est lumineuse et adorable, tout le contraire de sa nouvelle colocataire Anima qui elle est brutale et en peine d’amour. Entre le Jack Daniels et les cigarettes, les deux étudiantes de Los Angeles deviennent amies. À la fin de l’acte 1, avec l’aide d’une étrange statue de la Vierge Marie, qui se nomme elle-même Mary-Androgyne, et de deux anges qui apparaissent dans son appartement, Anima découvre qu’elle est en amour avec Christa. Un triangle amoureux fini par se former avec Alan, lorsque ce dernier tombe en amour avec Christa. Ils vivent une romance cachée. Tout le deuxième acte mène à une sorte de libération d’Anima, alors qu’elle nettoie Suzan, une plante tachée de son sang sur le bord de l’océan. Peut-être est-ce l’image de l’acceptation de sa sexualité? Ou encore la fin de son deuil à la fois parental et amoureux? Dans les failles du réalisme, la famille d’Anima fait irruption. Sa mère et son frère nous apparaissent comme des figures quelque peu « cartoons » de leur rôle social (la mère est infirmière, le frère est un bébé en couche). Ils appartiennent à un tout autre temps, lieu et niveau dramatique que l’intrigue principale. Le père, quant à lui, n’apparaissant que dans les souvenirs d’Anima, est complètement intriguant. Pourquoi urine-t-il dans le lave-vaisselle? Nous ne le saurons jamais!
Par sa forme dynamique où la ponctuation est quasi absente comme un « stream of consciousness » des personnages, on a accès à une parole vive et rythmée que ce soit par de courtes répliques ou de longs monologues. Scab fait l’autocritique du milieu théâtral et de l’intellectualisme des universitaires par une caricature hilarante de la cohorte de Christa. L’humour de Sheila Callaghan participe à la construction de ses drames en leur donnant quelque chose de commun et de simple. C’est là que l’univers déjanté et le quotidien dialoguent sur scène et en résultent une sorte de poésie étrange.