(2000)
Hester, une afro-américaine, vit sous un pont dans une situation d’extrême pauvreté avec ses cinq enfants. Ces enfants sont nés de cinq pères différents, qui n’ont vraisemblablement pas assumé leurs responsabilités. Hester les nomme ses cinq trésors. Cette mère ne sait ni lire, ni écrire. La famille a à peine de quoi manger. Souvent, Hester se prive de nourriture pour assurer le bien être de ses enfants. Hester lutte pour sa survie et celle de ses trésors. Cela la place dans une situation de vulnérabilité extrême. Tout le monde se joue d’elle, profite de sa naïveté, de son manque d’éducation : de la travailleuse sociale au docteur, du Révérend à une « amiga », tous l’exploitent. À travers des monologues, chacun de ces personnages expliquera comment il a profité d’elle d’un point de vue lucratif et sexuel. Une rumeur court dans la ville d’Hester comme quoi, Chili, le père de son premier enfant, serait à sa recherche. Quand ils finissent par se voir, Chili lui apprend son intention de la marier, elle qu’il n’a pas vu depuis environ quinze ans. Hester y voit alors la chance de se « sortir la tête de l’eau » comme elle répète et d’offrir à ses enfants une meilleure vie. Quand Chili se rend compte qu’Hester a cinq enfants, il prend la poudre d’escampette. À ce moment, un de ses enfants provoque sa colère. Alors désemparée, désespérée, Hester se met à le frapper avec une matraque trouvée. Elle l’abat sous le regard de ses autres enfants : il meurt.
Cette pièce de Susan-Lori Parks incarne plusieurs questionnements fondamentaux. L’auteur met en scène le rapport à la pauvreté qu’entretient l’Amérique. En guise de prologue et d’épilogue, un chœur vient nommer les jugements qui persistent devant la situation d’une femme comme Hester. La pièce est construite de façon à ce que le lecteur ou le spectateur comprenne la lourdeur de la situation qui mène le personnage principal à perdre les pédales. La précarité, l’exploitation, le manque d’éducation sont au cœur de cette œuvre et mènent à l’épuisement. Hester est incompatible à son monde, à sa fonction de mère. Parks interroge la part de responsabilité de la société dans ce type d’histoires terribles.