(1967)
Bon pour faire une histoire courte, nous sommes dans le repaire de deux gars et une fille. Forensic et Emmet assis l’un en face de l’autre, habillés en cow-boy et en indien, préparent un coup d’état tout en fumant le calumet de paix. Pendant ce temps, Oolan se sert un bol de Rice Krispies, mange une crêpe, et fait une chanson et pour ensuite danser dessus. Elle est vêtue d’une blouse d’hôpital et agit comme si elle venait de s’échapper d’un asile de fous, ce qui pourrait être le lieu d’où, Forensic et Emmet tentent de se libérer. Finalement, deux exterminateurs font irruption dans le décor et commencent à jouer les bosses des bécosses. Comme à son habitude, Shepard jouera sur le rôle social des individus et sur la quête l’identité. Qui sont les exclus et qui est le plus fort? Est-ce que Forensic et Emmet sont plus en contradiction avec l’exterminateur ou avec l’autre? De quel côté est Oolan? Le jeu est une mouvance souterraine contre les voyous en uniforme représentant un système qui a trahi tout le monde.
Forensic and the Navigators détient une connotation beaucoup plus sociale que la plupart des travaux antérieurs de Shepard. Il traite de son sujet à la façon d’un dessin animé avec un complot visant à libérer les prisonniers d’un régime oppressif, qui est gâché lorsque les responsables de l’application du régime arrivent à les exterminer. Les personnages principaux, Forensic et Emmet, apparaissent comme la négation l’un de l’autre, comme les deux faces d’une même conscience, un cowboy blond et un indien noir (le yin et le yang) qui discutent de “sensibilités”, de commutations, de façons à cacher ce qu’ils sont l’un pour l’autre et d’oublier un instant qu’ils se chassent mutuellement depuis la nuit des temps. Ce fut pour Shepard la première pièce où il explora le thème du double, un fil conducteur de son travail qu’on retrouve tout au long de The Tooth of Crime et True West.