(1991)
Au travers d’un jeu de choralité d’une grande absurdité, 4 personnages, Fifi, Omar, Austin et Jill, viennent s’adresser au public pour partager leur point de vue sur la vie terrestre ainsi que sur l’emprise étouffante qu’à la société sur leurs vies. Tour à tour, ils cherchent des solutions alternatives à ce cauchemar collectif. Ces issues potentielles sont basées sur la compassion, le partage et la confiance en autrui, afin de réparer ce monde et cette société dans laquelle ils s’inscrivent.
Omar, un lanceur de couteaux professionnel voit sa vie basculer et sa foi en l’humain amoindrie lorsque sa femme Fifi lui apprend qu’elle est enceinte de jumeaux et qu’elle accouchera le lendemain. Austin, le meilleur ami d’Omar, sans emploi, mais toujours optimiste et altruiste, tente de faire comprendre à Omar ainsi qu’au public que le monde serait un endroit plus doux et agréable si chaque jour, tout le monde s’attardait à poser un geste gratuit et empli de bonté envers un inconnu.
Austin concrétise sa pensée lorsqu’il aborde Jill dans un bar, une parfaite inconnue qui vient tout juste d’être enduite de vaseline par un homme qu’elle venait de rencontrer. Austin décide de donner un bain à Jill comme un ultime acte de compassion et d’entraide.
Cette métaphore guide l’intégralité du récit dramatique; notre société moderne est enduite de graisse par des mécanismes extérieurs et chaque homme doit s’attarder à sa réparation dans un souci d’entraide.
La pièce se clôt, lorsqu’Austin, nue et armé uniquement d’un large miroir, s’adresse au public et les supplie de choisir la vie et l’amour au-delà de la mort et de la paralysie collective.
Cette pièce en deux actes témoigne de la lucidité de l’auteur face à l’existence moderne. En utilisant l’absurde et le procédé de choralité, Shanley souligne la condition ridicule et commune, universel de l’homme.