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SomeAmericans: The Goat ou Who Is Sylvia?

The Goat ou Who Is Sylvia?

(2001)

Edward Albee — traduction de

John Golden Theatre : New-York (2002)

Tragédie de l’extraordinaire, drame, farce, comédie psychologique, absurde vaudevillesque… heureux mélange des genres

Conventions sociales, bestialité, inceste, homosexualité, amour, transgression, tolérance.

personnages : F 1, M 3

Alors qu’il atteint la cinquantaine, Martin file le parfait bonheur : architecte de renom, il vient de gagner un important prix et de décrocher un contrat de plusieurs milliards de dollars. Sa vie de couple va à merveille : lui et sa femme Stevie sont maintenant mariés depuis 22 ans et s’aiment toujours autant. Ils sont drôles, sympathiques et ouverts d’esprit (ils acceptent l’homosexualité de leur fils Billy).

La pièce commence alors que Martin se prépare pour une entrevue filmée par son meilleur ami Ross. Ce dernier souhaite le faire discourir sur sa carrière d’architecte, plus florissante que jamais depuis son obtention du prix Pritzker, et sur son entrée dans la cinquantaine. Alors qu’il discute avec Stevie en matinée, Martin semble tourmenté. Il lui explique qu’il commence à oublier des choses évidentes, qu’il a peur d’être atteint de la maladie d’Alzheimer. Stevie l’écoute et prend le tout à la légère. Elle lui dit qu’il a l’air distrait et elle fait des blagues sur une potentielle amante qu’il verrait. Martin rigole avec elle, puis lui dit qu’il est en amour avec une chèvre. Stevie part en riant alors que Ross arrive. Les deux hommes commencent l’entrevue. Durant l’interview, Ross constate que Martin a la tête ailleurs : ce dernier répond étrangement aux questions, il ne semble même pas les comprendre. Son ami ferme la caméra puis demande à Martin ce qui ne va pas. Après un moment, il lui avoue qu’il est amoureux d’une dénommée Sylvia, que cette dernière est une chèvre et qu’il a des relations sexuelles avec elle.

Ross, profondément dégoûté, écrit une lettre à Stevie pour tout lui raconter sous prétexte qu’il est leur bon ami et qu’il ne peut pas laisser Martin dans une telle situation. Ne le croyant pas au début, elle finit par comprendre que ce n’est pas une blague. Stevie et Billy confrontent Martin à ce sujet. La crise éclate : ne pouvant pas se résoudre à accepter la situation, Stevie quitte la maison après avoir cassé plusieurs objets.

Un peu plus tard, Billy, en émoi, avoue à son père qu’il pense être amoureux de lui et l’embrasse sensuellement. À ce moment, Ross entre chez eux. Martin engueule ce dernier et lui reproche d’avoir rapporté son secret à sa femme. Ross, venant de voir le baiser des deux hommes, le juge activement. Martin défend le geste de son fils et explique qu’il peut concevoir qu’un père et un fils puisse avoir des élans sensuels l’un envers l’autre. À ce moment, Stevie arrive avec le cadavre de la chèvre Sylvia dans les mains. Elle vient de l’égorger. À cette vue, Martin s’effondre en criant, puis s’excuse auprès de tout le monde.

« Faut-il avoir des limites morales? », telle est la question que semble poser Edward Albee au public de The Goat, alors que Martin, un bourgeois vivant le rêve américain, devient le dernier des mal vus pour une histoire d’amour. Selon moi, le tour de force de l’auteur est d’avoir « humanisé » la bestialité en ayant fait entrer la notion de l’amour dans la relation entre Martin et la chèvre.

Sur le plan formel, cette pièce pose plusieurs question : Albee paraît avoir mélangé plusieurs genres. Son intention première étant de questionner la forme tragique, on reconnaît aussi, en plus de sa plume absurde, les accents d’une farce, d’une comédie.
Je crois que si l’on considère possible l’amour de Martin pour Sylvia, cette pièce est une tragédie. Si ce n’est pas le cas, elle prend des allures de comédie grinçante, voire de farce absurde.

Solène Paré?

Récupéré sur http://zarov.org/wiki/SomeAmericans/00092
Page mise à jour le 19 décembre 2012 à 18h07