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SomeAmericans: Drôle de couple (au féminin)

Drôle de couple (au féminin)

(1985 ; 1993 (traduction))

Neil Simon — traduction de Louis-Georges Girard

Gene Saks (metteur en scène) : Broadhurst Theatre (1985)

Comédie

Dans la pièce, Neil Simon explore la notion du couple. D’abord, il est question de divorce, c’est-à-dire de « l’échec » du couple amoureux et de ce qu’il engendre, soit le retour au célibat. Florence, un des personnages qui est laissée par son mari, doit apprendre d’une part à accepter cette rupture, puis d’autre part à reprendre le cours de sa vie sans son époux. Par ailleurs, le texte met aussi en scène un couple d’amies confronté aux difficultés de la cohabitation. À ce propos, l’auteur aborde la quasi-impossibilité de vivre aux côtés d’un individu dont les valeurs et les habitudes de vie sont aux antipodes des siennes et ce, peu importe l’affection éprouvée à l’endroit de cette personne. Ainsi, l’œuvre repose sur deux axes thématiques opposés : l’amitié et la tendresse, la volonté d’entraide qui y sont associées ainsi que la haine qui se développe à l’égard de quelqu’un dont la présence et les manies se font de plus en plus envahissantes.

personnages : F 6, M 2

Florence, femme obsessive et hypocondriaque qui a besoin d’exercer un contrôle constant sur ce qui l’entoure, est laissée par son amoureux Paulo avec lequel elle était mariée depuis 14 ans. Défaite, elle se rend chez Olive, son amie de longue date, qui lui propose d’emménager chez elle. Habitant seule dans un appartement en bordure du parc Lafontaine, Olive se dit que la présence de son amie évincera son sentiment de solitude et la rendra plus gaie. Or, Florence, pour se remettre de sa peine d’amour, entreprend non seulement de nettoyer et de refaire la décoration de l’appartement de son amie, mais elle change tout à fait le mode de vie de celle-ci, lui imposant un menu sophistiqué, un horaire précis et des habitudes strictes visant à entretenir une constante propreté dans l’appartement. L’hypocondrie de Florence met même un terme à une soirée romantique, initiée par Olive, des deux femmes en compagnie de leurs deux sublimes voisins de pallier espagnols. Exaspérée de la présence harassante de son amie, Olive en vient à la mettre à la porte, la suppliant de se trouver un autre logement. Cependant, malgré la frustration réciproque des colocataires, l’amitié triomphe. Olive, en retrouvant un espoir de tranquillité, pardonne à Florence tandis que celle-ci, qui s’apprête à emménager avec les deux Espagnols, reconnaît qu’Olive lui a fait prendre conscience de son besoin de contrôle démesuré.

Il s’agit de l’adaptation au féminin d’un des plus grand succès de Simon, The Odd Couple (1965).

Il est pertinent de noter que Louis-Georges Girard a effectué une adaptation et non une traduction de l’œuvre américaine. Ainsi, le scénariste québécois a transposé l’action de la pièce de Simon au Québec. Par exemple, Olive habite en face du parc Lafontaine et elle organise, avec Florence et quatre de leurs amies, des soirées dédiées au jeu de société « Quelques arpents de pièges ». De plus, le texte de Girard est truffé de références à des figures québécoises telles Jean-Luc Mongrain, lecteur de nouvelles à TQS, Janette Bertrand, créatrice de la télésérie l’Amour avec un grand A et Youppi, mascotte des anciens Expos de Montréal. Or, au-delà des référents culturels distincts, des éléments de la version originale, notamment l’humour de Simon, subsistent dans l’adaptation.

À ce propos, le comique de la pièce, assez peu subtil, repose sur le contraste des caractères d’Olive et de Florence. C’est donc principalement le choc créé par la cohabitation de ces deux personnages opposés qui déclenche – ou est supposé déclencher – le rire du lecteur ou du spectateur. À cet effet, cet humour grossier, jonglant avec les stéréotypes, les réactions démesurées et les personnages caricaturés, paraît entretenir certaines similitudes avec le burlesque des années 1920. Ce type de comédie, d’abord présenté sur les scènes américaines, a vite été repris par les artistes de la scène au Québec. À ce sujet, il serait intéressant de se demander si la résonance québécoise de l’humour de Neil Simon – dont l’adaptation de Louis-Georges Girard est la preuve – est susceptible de s’expliquer par sa similarité avec le burlesque.

Marie-Ève Lussier?

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Page mise à jour le 07 janvier 2013 à 00h31