JOURNAL:HAMLET REVISITÉ- SCÈNE V

Procédé d’écriture; prologue:

Avant toute chose, je dois dire que j’ai décidé d’écrire ce texte la veille de la remise. De ne pas me relire. De ne pas penser à ce que je ne voulais pas écrire. De ne pas me fixer ni de bases ni de contraintes.

On m’a déjà dit; pense longtemps et fais n’importe quoi. J’ai cru que l’exercice méritait d’être fait jusqu’à la fin. C’est pourquoi j’y ai pensé longtemps (depuis le début de la session) puisque je déteste faire ce genre de travail. J’ai cru que j’allais moins me censurer et rendre ce travail plus personnellement intéressant si je ne m’auto-flagellai pas des exemples éthiques universitaires et si je remettais un travail qui serait plus près de ce que j’ai fait toute la session; des lectures et surtout des réécritures de dernières minutes (plutôt que de faire plaisir à cette même éthique qui aurait fait que la rédaction de ce journal m’aurait profondément emmerdée). Désolé si en raison de cette méthode, ces prochaines lignes seront difficiles à comprendre puisque je ne me serai pas relu. On peut toujours me contacter si on ne comprend pas!

Procédé d’écriture; première réécriture:

Le segment reçu me posait problème compte tenu que j’ai eu du mal à comprendre les enjeux de la scène. Je me suis donc concentré sur les effets des styles; me concentrer sur la forme plutôt que le fond. Je trouvais cette approche bien assumée compte tenu de deux choses: notre travail consiste à réécrire Hamlet (et non pas de le réinventer) et la scène distribuée consistait beaucoup plus d’un ramassage de mots, de sons, de voyelles et de consonnes ne formant qu’un effet de style sur le Folio traduit par Google. J’ai cru intéressant de pousser l’exercice à l’extrême. La consigne de penser longtemps et de faire n’importe quoi a donc été suivie à la lettre. J’ai voulu me détacher le plus possible du texte de Shakespeare afin de peut-être justement m’en rapprocher dans une autre réécriture. L’importance était de trouver la distance nécessaire afin d’oublier les enjeux afin de voir ceux qui sortiraient par eux-mêmes (donc les plus importants). J’avais également à l’idée que les mots de Shakespeare était parfois encombrants. J’ai voulu pousser cette impression jusqu’à la dérision. Puisque la traduction-automatique de l’anglais au français par Google avait déformé le langage, j’ai été curieux de voir ce que cela donnerait avec une distanciation de seizes traductions différentes(toujours automatiques) par Google.

Le texte a donc passé de la version Folio anglaise à une traduction en:
− Allemand
− Arabe
− Bulgare
− Catalan
− Croate
− Danois
− Espagnol
− Finnois
− Grec
− Italien
− Norvégien
− Polonais
− Russe
− Serbe
− Français
Le résultat de cette traduction a formé un casse-tête linguistique plutôt qu’un réel texte dramatique. Néanmoins, plusieurs mots et expressions en sont ressortis afin de confirmer l’enjeu de la scène. J’ai pu observer que les expressions se rattachant au monde des affaires (ex: Ministère de l’Énergie ainsi que Turkish Airlines) étaient souvent utilisé. Ma conclusion fût-elle que le propos et surtout l’importance politico-commercial formait l’enjeu et le point pivot de cette scène.

Procédé d’écriture; deuxième réécriture:

Cette réécriture fut jumelé à celle de la seizième scène (soit avec Louis-Philippe Labrèche). Nous avions développé l’idée d’écrire chacun de son côté et ensuite de revenir sur les textes de façon conjointe.

J’avais par ailleurs décidé d’écrire une nouvelle scène complètement, en ne prenant pas en compte l’aspect politique que ma première réécriture m’avait démontré. J’ai plutôt opté pour la re-contextualisation des caractères patriarcaux modernes. En effet, je trouvais que la version de Shakespeare écartait toute réaction humainement contemporaine au profit d’une mise en situation politique et portait l’attention définitivement sur le personnage de Laertes. J’ai voulu faire ressortir Ophélie, principalement dans sa relation avec son frère.

Je me suis donc lancé dans l’écriture simplifié puisque j’avais encore en tête d’utiliser la traduction-automatique Google afin de distancer mon propre texte de mes intentions d’écriture. Le résultat fut intéressant, faisant ressortir quelques jeux de mots ou des tournures de phrases inversées en raison de la traduction mot-à-mot de Google. J’ai donc laissé le texte en souffrance en attente des commentaires de mon coéquipier.

Bien que félicité par l’initiative googlelienne, je me suis rappelé que le but du travail était également le métissage et qu’il serait difficile de continuer indéfiniment dans la voie de la traduction automatique en sachant très bien que je n’étais qu’un auteur sur vingt-cinq. Dans ce contexte là, je peux dire franchement que je me suis auto-censuré dans mes démarches de distanciation afin de pondre un texte qui pourrait se coller aux exigences (heureusement) d’un projet de groupe.

J’ai alors repassé ma deuxième réécriture (celle qui aurait à l’origine servie à me googleler). Je me suis questionner sur l’absence de répliques. Et c’est principalement par ces petites répliques comparativement aux longues tirades de ces interlocuteurs que son importance venait à prendre sens. Je me suis rendu compte que plus que les autres personnages parlaient, plus je me questionnais uniquement sur les intentions et pensées d’Ophélie; comme si les mots rendaient la pensée vide et sans intérêt. Puis est aussi atterri l’idée de l’enfantement. Puis celle du père étant incapable d’avouer son amour à son fils. Puis la peur de l’éveil sexuel de ses enfants… Le tout par l’importance de choisir, non pas les mots (certainement en partie) mais principalement de choisir les répliques, leurs longueurs et leur poids. C’est ainsi qu’un personnage désirant montrer son importance vient à la perdre.

Procédé d’écriture; troisième et quatrième réécriture:

J’ai décidé délibérément d’inclure la troisième et la quatrième réécriture puisqu’il n’y a pas eu de changements. La troisième réécriture servie principalement une de correction où la mise en bouche fut importante pour constater les petits problèmes phonétiques ou syntaxiques. Rien de bien grand. Simplement un défrichage. Enlever les mauvaises herbes qui auraient pu pousser entre l’installation du jardin et la récolte des fleurs (désolé pour la comparaison de mauvais goût).

Procédé d’écriture; conclusion:

L’exercice d’écriture n’était pas une première pour moi. Cependant, celui-ci m’a permis de réaliser quelques chose qui m’était encore inconnu; ou du moins quelque chose que j’avais tendance à diminuer l’importance. J’ai observer pour la première fois, l’écriture en étape et j’ai pu les identifier clairement puisqu’elles constituent vraisemblablement l’ensemble de mon propre travail de réécriture d’Hamlet.

J’ai eu à penser très fort. Penser à ce que je voulais essayer. L’élaboration d’une idée et de ses possibilités: l’élimination de ses impossibilités par le fait-même. J’ai eu à tester.

Puis il a fallu sortir les plans. Voir les imperfections et décider d’une réalité à choisir. Tasser les essais qui auraient pu divaguer de notre idée principale et s’en souvenir (si ce n’est que pour ne pas retomber dedans). Commencer la construction et relire à chaque fois que l’on écrit un mot toutes les phrases précédentes afin de s’assurer que notre chalet de ski en bois rond ne deviendra pas l’Empire State Building en raison d’un étourdissement d’auteur passionné par ses idée originales (oui, je sais une autre comparaison douteuse… pardon!).

Et finalement, viens la finition. Le passage où il faut se demander s’il vaut mieux classer les livres de la bibliothèque en ordre alphabétique ou en ordre de d’auteur ou en ordre de styles et de genres. Où l’on s’aperçoit que le noir est parfois trop sombre et que le blanc trop pâle. C’est le passage où tout est là… il ne suffit que de s’asseoir et de regarder. J’ai aussi compris qu’il s’agissait de la partie la plus difficile.

Procédé d’écriture; épilogue:

J’ai aussi compris que peut-être (et on aura remarqué le surligné gras accompagnant le « peut-être ») que certaines oeuvres ne devraient plus être montés. Ou du moins, qu’elles devraient maintenant servir à s’en servir. Puisque maintenant, peut-être qu’elles ne nous parlent plus autant qu’elles devraient. Les brûler pour les réécrire. Les garder en tête pour maintenant les raconter tout croche… à notre manière… selon nos souvenirs… selon nos préférences. Oui, je crois que c’est un peu ça la réécriture! C’est aussi ça que je me suis forcé de faire. Tenter de ne pas tomber dans les pièces conceptuelles de l’auteur voulant intégrés que des idées sortant de sa tête… mais plutôt de choisir ce qui était déjà là, de jeter ce que je ne voulais pas et ensuite de bien brasser.

C’est un peu ça le danger avec les classiques. Ne pas osez y touchez afin de ne pas blasphémer sur le sacré de la conservation des idées reçues et adoptées. Vous savez quoi, je crois que j’en ai marre des classiques. Je les trouve vieux jeu, inintéressants, rabougris et surtout très prétentieux. Réécrivons-les.

Quatrièmes Réécritures

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Page last modified on 08 janvier 2009 à 07h23