Entre CLAUDIUS

CLAUDIUS : Mais comment pourrons-nous épier Hamlet ?

POLONIUS : Par la retransmission en direct mon roi.

Tous deux observent Ophélie via un moniteur ne diffusant que l’image.

POLONIUS : Ophélie, est-ce que tu comprends ce que nous disons ?

Ophélie fait signe que oui

POLONIUS : (au roi) Vous voyez, elle comprend ce que nous disons . (à Ophélie) Attention, il arrive!

HAMLET est seul sur scène. Il lit à haute voix.

HAMLET : To be or not to be that is the question. To be or not… to be, that is the question. Est-il plus noble d’endurer la souffrance que m’apporte cette outrage ou devrais-je plutôt m’armer contre la raison de ce trouble et y mettre fin ?

Entre OPHÉLIE suivie de Montano à la caméra.

HAMLET : Mourir… dormir… rien de plus. Et dans le sommeil se dire qu’on en a fini de ces nausées et de ces atteintes à la chair. Voilà ce que chacun réclame secrètement dans l’obscurité. Mourir… Dormir…

OPHÉLIE: Mourir …Dormir … peut-être rêver : voilà ce qui nous ronge l’espoir. Car quelles rêves risque-t-on de rencontrer au-delà de notre vivant ? Nous nous devons d’y réfléchir. Voilà l’excuse qui pousse les retardataires. Autrement, qui donc serait assez fou pour endurer le supplice du temps. Pour accepter d’être persécuté à tort sous le regard fier des orgueilleux ? D’être juger selon les lois d’une justice en sursis ? De supporter les peines d’un amour non reconnu, l’insolence des gens en place et l’outrage des indignes à l’égard du juste, quand il est possible de s’apaiser soi-même avec une simple lame.

OPHÉLIE : Qui voudrait porter le fardeau d’une vie aussi tourmentée, si ce n’était que nous redoutons ce que la mort nous réserve ? Ce continent inexploré d’où jamais personne n’est revenu et qui nous fait préféré les maux que l’on subi plutôt que de s’aventurer vers ceux qui nous sont inconnus.

OPHÉLIE : Je suis venu te remettre le texte que tu m’as envoyé.

HAMLET : Vous vous trompez.

OPHÉLIE: Vous?!

HAMLET: Je ne vous ai rien fait parvenir qui puisse me revenir. Ceci ne m’appartient plus.

OPHÉLIE : Qu’est-ce qui t’effraie à ce point?

Il l’embrasse. Hamlet s’aperçoit qu’ils sont filmés.

HAMLET : Un beau moment de théâtre. Où est ton père?

OPHÉLIE : …

HAMLET : Vous êtes toutes les mêmes! Vous vous trémoussez. Vous faites passer votre impudeur pour de l’innocence. J’en ai assez ! Ton sourire maquillé me pue au nez. Allez va ! Va faire la putain devant les caméras. Va dire au monde ce qu’ils veulent entendre. (Il la relâche.) Je ne t’ai jamais aimée.

Hamlet sort.

OPHÉLIE : Mourir… dormir… Et dans le sommeil se dire qu’on en a fini de ces nausées… ces atteintes à la chair. Voilà … secrètement… dans l’obscurité. Mourir… Dormir… C’est la dernière image qu’il gardera de moi. So small. So small.

Entre POLONIUS et le Roi.

POLONIUS : (À Ophélie) Oh mon enfant, nous n’avons rien entendu mais nous avons tout vu.

CLAUDIUS : Nous en avons la preuve: Ce n’est pas d’amour dont il est question. Et je doute qu’il s’agisse de folie. La haine habite son coeur et j’ai bien peur qu’elle soit un danger pour nous. Dès demain il partira pour l’Angleterre. Je m’occupe d’organiser son départ.

POLONIUS : Je vous pris d’attendre à ce soir. Après le spectacle, je m’arrangerai pour qu’il puisse rencontrer la Reine sa mère seul à seul. I my selfe — témoin invisible —will stand behind the Arras, Si cet entretien ne nous apprend rien de plus, alors préparer son voyage.

CLAUDIUS : Soit.

Tous sortent sauf POLONIUS.

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