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HAMLET
Venez à mon secours, vous, grandes puissances d’en haut, Avec vos ailes célestes, vous venez sûrement me libérer d’un lieu, Où trop longtemps, j’ai éloigné la vengeance par incertitude. N’essayez pas de m’apeurer avec votre regard empli de pitié, De crainte que mon cœur de pierre ne cède à la compassion, Et que chaque once de vengeance qui règne en moi ne soit envahie de faiblesse.
FANTÔME
Mon fils, une fois encore j’apparais devant toi, Pour que de ta mémoire, ma mort ne disparaisse. Ne sois pas victime de la négligence, ni du temps, Ceux-ci sont tes pires ennemis. Mais j’aperçois à travers ton regard égaré L’incertitude que tu entretiens envers les paroles de ta mère. Parle-lui Hamlet, elle te donnera réponse aux questions. Surtout, ne m’oublie pas.
HAMLET
Comment vous sentez-vous mère?
LA REINE
Mais, c’est à moi, mon fils, de vous demander comment vous vous sentez, Pour que votre regard se porte ainsi dans le vide Et qu’avec votre parole vous teniez discours à l’air.
HAMLET
Comment? Vos oreilles n’entendent donc rien?
LA REINE
Rien, et ne sont pourtant pas sourdes.
HAMLET
Et vos yeux, ne voient-ils rien?
LA REINE
Pas ce sur quoi votre regard se porte.
HAMLET
Mais regardez, regardez, c’est votre mari, mon père. Regardez comme il est pâle vêtu de sa tristesse. Voyez, juste là, dans le portail. Il part! Il part!
Le fantôme sort
LA REINE
Mon pauvre fils, la faiblesse causée par la mort de ton père Donne à ta langue les mots décrivant le chagrin de ton cœur. Mais Hamlet, sur ton âme, Je jure que je ne savais un mot de ce meurtre dont tu me parles. Mais tout ceci n’est que fantaisie, Oublie cela et revient à la raison mon fils.
HAMLET
Comment pouvez-vous, ma mère, Douter de la parole de votre unique fils. Le sang qui coule dans mes veines est le même qui coule dans les vôtres Et aucune folie ne l’envahit. Oh, chère mère, si quelque peu d’amour envers mon père il vous reste, Oubliez le lit de l’adultère pour une nuit Et vous verrez qu’avec patience et temps, La chance vous sourira. Et cet homme à qui vous vous donnez, Ne deviendra pour vous que dégoûtant et répugnant. Alors, votre faute vous sera pardonnée. Mais surtout, aidez-moi dans ma vengeance.
LA REINE
Hamlet, je fais vœu sur mon honneur, Que mon cœur ainsi que mes pensées te suivront, Peu importe ton plan.
HAMLET
Je vous laisse mère, reposez-vous. Allez monsieur, venez avec moi. Votre vie fut plus courte qu’attendu, Mais c’est avec courage que je parlerai de vous.
Sortie de Hamlet et du cadavre Entrent le roi, Gildenstern et Rosencratz
LE ROI
Gertrude, maintenant que nous sommes seuls. Comment va votre fils? LA REINE
Mon seigneur, comme la mer et la tempête qui font rage, Il s’est jeté sur moi Avant même que je ne puisse dire un seul mot. Comme oubliant que j’étais sa mère, Il m’agrippa avec force Et c’est les yeux emplis de larmes et criant à l’aide Que Corambis voulut venir à mon secours, Mais Hamlet, qui l’entendu sans le voir, Le tua avec rage.
LE ROI
La maladresse de votre fils mettra le Danemark en péril. Gildenstern et Rosencratz, partez à la recherche du pauvre homme.
GILDENSTERN ET ROSENCRATZ
Oui mon seigneur.
LE ROI
Qu’on envoie immédiatement Hamlet en Angleterre, Que son expédition parte dès aujourd’hui. Espérons que sa folie disparaîtra sur cette nouvelle terre Et que l’air du pays repoussera toute haine de son esprit. Mais le voilà qui vient.
Entrent Gildenstern et Rosencratz
GILDENSTERN
Mon seigneur, Hamlet ici présent, cache le corps Et ne veut en aucun cas nous dire où il se trouve.
LE ROI
Pourquoi garde cela secret?
HAMLET
Ah! Mais sonne l’heure du repas! Corambis, cet homme à la trop grande curiosité, Est justement à l’heure pour ceux dont l’appétit s’ouvre.
LE ROI
Que voulez-vous dire?
HAMLET
Mais trouvez par vous-même mon seigneur.
LE ROI
Que tous se mettent à sa recherche! Allez!
HAMLET
Nul besoin de se presser mon roi, Car au lieu où il se trouve, Il ne bougera point.