William’s Window se traduirait probablement ainsi “veduta sur William [Shakespeare]”. Car il s’agit bien d’une ouverture pratiquée, sinon dans un tableau, du moins dans un livre: le Premier Folio de 1623. Contenant à lui seul trente-six des trente-huit pièces attribuées à Shakespeare, ce livre est certainement l’édition princeps des études Shakespeariennes.
Notre étude porte sur le métathéâtre de Shakespeare. Métathéâtre dont l’un des principaux effets esthétiques serait cette mise-en-abyme du processus dramatique lui-même (où la représentation se met elle-même en représentation).Comme notre sous-titre l’indique, nous tâchons d’établir combien le théâtre de Shakespeare était métathéâtral par le biais notamment de son degré d’auto-réflexivité représentative ou sa “transparence” (pour les théoriciens de l’art, son “opacité”).
Les pages qui suivent rendent compte (en anglais, hélas) de trois lectures du Folio, chacune d’entre-elles ayant pour but d’extraire autant d’exemples que possible d’un certain type de transparence. La première lecture (chapitre 1) porte sur les engins métathéâtraux en tant que tels (pièces-dans-la-pièce et déguisements) et résulte en un catalogue visuel de leurs occurrences à l’intérieur de la structure même des pièces. La seconde lecture (chapitre 2) répertorie toutes les répliques faisant référence au théâtre, et la troisième (chapitre 3) toutes celles portant sur l’art (ou la représentation artistique). Le catalogue du premier chapitre, et les deux répertoires des chapitres suivants préservent l’ordre des pièces ainsi que les catégories du Folio. Leurs données, cependant, sont reproduites à nouveau, “chronologiquement” cette fois, dans les trois rouleaux qui accompagnent ce codex.
Cette veduta sur Shakespeare, en tant qu’analyse interne d’une partie importante de son œuvre dramatique, nous permet d’affirmer finalement que le théâtre de Shakespeare était probablement des plus transparents.