O.D.I.

OO, homme; DD, femme; II, n’importe quel sexe

‘OO et DD sont sur la scène, tandis que II est face au côté cour

OO : Ce qui est drôle c’est que le gars nous a reconnus. Faque pourquoi est-ce qu’il m’aurait enquiquiné ?

DD : Tu es le seul gars qui utilise encore des mots comme ça.

OO : Comme quoi ?

DD : « Enquiquiner»

OO : Tout le monde dit ça.

DD : Jamais dans cent ans.

OO : « Il m’a enquiquiné. C’est un salaud d’enquiquineur» Come on, on dit encore ça.

DD : Finis ton histoire.

OO : À cause de toi je peux pas m’empêcher de m’analyser là, il faut que je fasse attention à tout ce que je dis.

DD : Continue.

OO : Faque s’il me connaissait, pourquoi il a agi de même ? Est-ce qu’il me cherchait ? Il voulait se mesurer à moi ? Essayer de prouver quelque chose. C’est qui lui, ostie d’employé dans un magasin de lingerie. Il veut m’insulter devant mes chums? Les hommes de ton père?

DD : Qu’est-ce qu’il a dit?

[OO : Qu’est-ce qu’il a dit ?

DD : Ouais.]

OO : [Il dit :] Je sais pas si on a ta taille. Tu trouves que c’est drôle ?

DD : C’était une blague.

OO : Joke plate.

DD : Dis-moi pas que tu l’as frappé. Tu as pas fait ça. Ah, Oli.

[OO : C’était une joke ?

DD : Est-ce que tout le monde riait ? Habituellement c’est une blague.

OO : [Je pensais qu’il…Ouin. C’est assez évident non ? C’est juste, qu’à ce moment-là,] j’étais nerveux, j’achète pas ce genre de choses-là à tous les jours.

DD : Est-ce qu’il est blessé ? [Olivier.]

OO : Je vais lui envoyer des fleurs à l’hôpital.

DD : En tout cas, c’est magnifique.

OO : Tu aimes ça ? Pour vrai ?

DD : J’ai hâte de l’essayer devant mes amies.

OO : Whoa, whoa, tu peux pas porter ça devant n’importe qui.

DD : Vraiment ?

OO : Come on, c’est juste pour nous, c’est…Ah. Je suis pas bon pour comprendre les jokes.

DD : Tu as d’autres qualités. Je vais l’essayer.

Elle sort pour se changer, côté cours. Ils parlemt tous deux plus fort, à travers la porte.

OO : Je peux pas rester. Je suis encore sur la job.

[DD : Ah oui ?]

OO : Je faisais juste passer pour te le donner. Je finis autour de 10.

[DD : Autour de 10 d’abord.]

OO : Tu l’aimes vraiment?

DD : Bébé, je l’adore. Chaque fois que je vais le porter, je saurai que quelqu’un a souffert pour que tu puisses me le donner.

OO : J’ai d’autres qualités. Comme quoi ?

DD : Quand quelque chose va mal, tu hésites pas à t’en mêler. Tu replaces les choses.

OO : Parfois sans réfléchir.

DD : [Donc] Tu enverras des fleurs au gars. [Je vais aller l’essayer.]

OO : Faut vraiment que je m’en aille.

DD : Tu peux pas attendre deux minutes? [Pour me voir dedans.] Voir ce qui va t’attendre quand tu vas venir me chercher ce soir? [ ‘’‘Elle sort” ]

OO : [Oh ouais.] Pour ça, je peux attendre.

DD hors scène : Je sors dans une minute.

II : Je vais juste utiliser ta salle de bain, c’est correct?

DD hors scène : T’as pas besoin de demander. Personne ne devrait demander la permission pour ça.

‘II entre dans la salle de bain au fond de la scène pendant que DD revient de sa chambre.

II ‘hors scène : Ma mère m’a bien élevée.

DD : Désolée d’avoir mis autant de temps pour me changer. Il y a des jours où je déteste tous mes vêtements.

II ‘hors scène : Pas de problème.

DD : Je te montrerais bien ce qu’il m’a acheté, mais je pense qu’il me tuerait s’il l’apprenait. Un joli petit bout de tissu. C’est tellement Oli ça, [il a aucune idée], il essaie de penser à ce qu’une fille voudrait. [Je suis désolée, est-ce que ça te dérange que je te parle pendant que tu es à la salle de bain?]

II ‘entrant : Ce qui arrive avec la lingerie c’est : est-ce qu’il l’a achetée pour toi ou pour lui,[ hein?]

DD : Ben, ouais. Il connaissait ma taille par exemple. Ça me va parfaitement. Ça le rendait tellement heureux que je sois contente. Quoi? C’est quoi ces yeux-là?

II : …Ton père a pas un problème avec ça?

DD : Avec quoi? Que je voie Olivier? Pourquoi?

II : Ben…

DD : Oh franchement.

II : Il y a pas si longtemps, fréquenter un gars comme Olivier aurait été impensable.

DD : Ce temps-là est fini.

II : On aimerait penser ça. Mais il y a pas un jour [qui passe] sans qu’on entende parler de violence quelque part, une bataille entre tel ou tel quartier.

DD : Il y a des cons des deux côtés.

II : C’est fragile. Cette paix-là. Un rien pourrait encore la foutre en l’air.

DD : Non.

II : Et si ça arrive, qu’est-ce que les gens font? Ils retournent du côté des leurs.

DD : Des leurs? Est-ce que tu t’entends?

II : [Quand les jeux sont faits, qu’est-ce qu’on sait? ] Y’a rien comme la violence pour que les gens se regroupent. Ta famille, ton peuple, ta communauté.

DD : Ta tribu. Tu parles comme si on vivait encore à l’époque des cavernes. [Cette merde-là existe plus]. Mon père aurait pas engagé Olivier s’il pensait du mal de lui.

II : Il y a des raisons politiques qui déterminent qui est engagé, qui est promu, ton image publique, faire comme si tout était pardonné.

DD : Est-ce que mon père t’a déjà dit quelque chose à propos de ça?[…C’est ça que je pensais.]

II : Ton père nous dit pas tout ce qu’il pense. Come on D., il y a quelques années, on faisait la guerre avec eux. Tout le monde peut pas oublier parce que des trous de cul signe un bout de papier.

DD : Quand est-ce que la guerre arrête? Ça se fait pas tout seul. Les gens doivent l’arrêter, [décider « on agira pu comme ça »]. Arrêter d’être esclaves du passé : qui a commencé quoi, qui a fait quoi à qui. Les gens doivent décider de le faire. Et on l’a fait. Tu penses pas que la plupart des gens ont tourné la page?

II : Je pense…Je pense que tu es naïve. [Je pense que t’es belle,dans le genre naïve.]

DD : [Et tu travailles avec Oli]. Est-ce que tu le connais Oli au moins? Sais-tu quel genre d’homme il est? Quel homme fantastique il est?

II : …En tous cas, il[s] nous attend[ent] en bas.

DD : Tu viens?

II : Heum, désolé, est-ce que je peux encore utiliser ta salle bain? Trop de café ce matin.

DD : Je vais dire que t’arrive. [La porte se barre toute seule.] ‘DD sort au fond de la scène jardin.

‘II réfléchit, puis sort dans la chambre de DD côté jardin.

OO met un bandage sur sa main

OO : Pourquoi les gens sont si stupides? Je suis pas un gars très intelligent, mais au moins je suis pas stupide. Tout le monde a sa bulle, approche-toi pas trop [essaie pas de trop t’approcher], est-ce que c’est difficile à comprendre? Toujours des ostie de lèche-culs qui veulent pour je sais pas quoi serrer sa main, [toucher son ostie d’ourlet de pantalon, qui sait.]

‘II entre

II : Laisse-moi le faire.

OO : C’est correct.

II : Arrête d’essayer. Laisse-moi faire.

OO : Je l’ai pas manqué par exemple.

II : Ouais, la sécurité c’est ton travail, [pas le mien]. Est-ce que tu vas bien?

[OO : Qu’est-ce que tu veux dire?]

II : Tu ne te serais pas, disons, défoulé sur le gars à cause d’un autre problème.

OO : J’ai pas d’autres problèmes.

II : OK.

OO : Est-ce que je devrais en avoir un?

II : Je fais juste demander.

[OO : Quoi?

II : Je sais pas, à toi de me le dire.]

OO : J’ai rien à dire, tout va bien. C’est toi qui as amené le sujet.

II : J’ai rien amené du tout, je dis juste : un gars veut serrer la main du patron, toi tu l’envoies à l’hôpital.

OO : C’est ma job.

[II : Parce que les choses sont tendues, on cherche le trouble?]

OO : [Il n’y a rien de tendu,] C’est juste qu’on peut pas être trop prudent, on sait jamais.

II : T’as raison, on sait jamais.

OO : Pourquoi j’ai l’impression qu’il y a une ostie d’affaire que tu veux pas me dire? Vas-tu cracher le morceau?

[II : Attends un peu, j’ai bientôt fini.

OO : Est-ce qui se passe quelque chose?]

II : Comment ça t’étais pas [au party,] au party d’Ace?

OO : Je travaillais.

II : Tout le monde était là. D. était là.

OO : J’ai été appelé.

[II : Nous on se faisait du fun, toi t’étais assis dans un char. Là, t’étais bien.]

[OO : C’est juste un party, il y en a à chaque semaine.]

II : Comment ça t’as eu un appel, un soir de party?

OO : J’ai été appelé parce que j’ai été appelé – Criss qu’est-ce que t’insinues.

II : Insinues ?

OO : Ouais.

[II : Grand mot.]

[OO : Va donc chier.]

II : [Tu me manquais c’est tout. Tu me manquais là-bas.] D. était là. J’aime pas ça quand tu es pas avec elle [là].

[OO : Excuse-moi, qu’est-ce que tu dis?]

II : [J’ai juste dit :] j’aurais aimé ça que tu sois là, [tu me manquais.]

OO : [Ben…merci…] c’était un bon party?

II : Intense. Vraiment malsain à la fin. Regarde ça. Je l’ai trouvé dans une chambre. ‘(Le déshabillé de DD). Tu comprends ce que je veux dire? C’était ce genre de party-là.

OO : Où est-ce que tu as pris ça?

II : Je viens de te le dire. C’était le genre de party où le monde portait des choses comme ça. Pis après ils les enlevaient. T’aurais dû être là.

[OO : Où est-ce que tu l’as pris?]

II : Quoi, tu penses que j’aurais dû le laisser là? [J’ai demandé à tout le monde, personne ne l’a réclamé.]

[OO : Laisse-moi voir ça.]

[II : Attention. C’est un tissu délicat.]

OO : Tu l’as trouvé dans une chambre?

II : [Au party d’Ace], Ouais. ‘OO prend le déshabillé et sort. Où tu vas? Hey!

.DD arrive à la maison; OO attend dans le noir assis sur le cube côté cours.

OO : Comment était le party?

DD : Ah mon Dieu! Tu m’as fait peur. Je pensais que tu travaillais aujourd’hui.

OO : Quand le chat est pas là…

DD : Quoi?

OO : Tu sais ce que je veux dire.

DD : Non, je le sais pas. « Quand le chat est pas là… »

OO : Finis la phrase.

DD : De quoi tu parles? Et pourquoi t’es assis dans le noir?

OO : Tu magasinais?

DD : Ouais.

OO : C’est tout?

DD : Quoi?

OO : C’est tout.

DD : Oli qu’est-ce qui se passe?

OO : Tu m’as dit que c’était plate.

DD : Quoi, magasiner?

OO : Le party [d’] chez Ace.

DD : [Chez Ace], ce l’était.

OO : C’est pas ce que j’ai entendu dire.

DD : Vraiment.

OO : Pas ce que j’ai entendu dire.

DD : Ben si être assis en jouant à des jeux d’alcool c’est ton idée de…

OO : C’est drôle que ton père m’ait appelé ce soir-là. Pour travailler. Lui as-tu demandé? Parce que tu savais que ce serait plate?

DD : OK, qu’est-ce qui se passe ?

OO : T’essaies d’épargner mes sentiments ?

DD : Pourquoi est-ce que tu tiens le déshabillé?

OO : Quelqu’un l’a trouvé chez Ace.

DD : Quoi, le -? C’est impossible. Je l’ai pas apporté là. Oli, je l’ai pas apporté.

OO : OK, il s’est rendu là par lui-même.

DD : Est-ce que tu m’accuses de quelque chose? S’il était chez Ace j’ai aucune idée comment il - et qui a dit ça qu’il l’avait trouvé chez Ace?

OO : Mon petit doigt me l’a dit.

DD : Vas-tu parler comme une personne normale?

OO : Normale ? Qu’est-ce que ça veut dire ça, criss?

DD : T’es assis là à marmonner, t’es bizarre.

OO : Tu dis que je suis pas normal? Tu me considères inférieur?

DD : C’est pas ce que je – ‘OO casse la chaise – Oh mon Dieu !

[OO : Tu dis que je suis comme un genre d’animal?]

DD : Oli –

[OO : Ça aurait dû être toi. La chaise. Ça aurait dû être toi en criss.]

DD : S’il te plaît –

[OO : J’ai regardé dans ta chambre. Je me suis dit, non, il va être là, c’est une erreur. Tu me traites de même, tu me mens, quand tout ce que j’ai toujours fait était juste pour toi.]

DD : Oli –

OO : Je suis quoi moi, un jeu? Juste du plaisir? Un prétexte pour t’amuser [avec l’autre clan?]

DD : S’il te plaît –

OO saisit le bras de DD.

OO : Tu penses que ton papa peut te protéger? J’écrase des hommes comme ton ostie de père.

‘II entre

II : Olivier, lâche la.

OO : [Tu penses que je suis un jeu? Tu joues avec mon cœur], tu vas voir ce qui va se passer. ‘OO sort par l’arrière

II : Olivier –

[OO : Tu verras ce que je vais faire.]

Il : Qu’est-ce qui s’est passé?

DD : Je sais pas. Il pense que je joue avec lui.

II : Chut. Ça va aller.

DD : Je sais pas pourquoi, il est devenu fou.

II : Inquiète-toi pas. [On va appeler ton père.]

DD : Il est fou – si t’étais pas arrivé.

II : Ça va. Respire. On va appeler ton père, l’avertir. Je te l’avais dit à propos d’eux autres, sa race. Je te l’avais dit.

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