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(2009)
La carte du temps regroupe trois courtes pièces liées à au Moyen-Orient, que l’auteure nomme « visions du Moyen-Orient ».
Première vision : Un état d’innocence
Yuval, un soldat israélien de 27 ans, travaille dans un zoo où les animaux se décomposent à chaque nuit et se reconstruisent à chaque matin. Une femme palestinienne âgée entre 45 et 50 ans, Oum Hisham Qishta, vient lui rendre visite et lui pose des questions sur les animaux. Elle lui raconte éventuellement qu’elle a perdu sa fille, cette dernière ayant été assassinée par des soldats israéliens. Un architecte israélien de 96 ans, Shlomo, vient leur annoncer qu’il doit détruire le zoo et le reconstruire dans un endroit plus sécuritaire. Il ne doit surtout pas oublier d’agrandir le territoire d’Israël, en faisant reconstruire le zoo sur le territoire de la Cirjordanie. Shlomo finit par les quitter, absorbé par les ruines qu’il voit. Oum Hisham apprend alors à Yuval pourquoi elle vient le visiter. Yuval est mort depuis longtemps, puisqu’il a désobéi aux lois de l’armée israélienne. En effet, deux des collègues de Yuval avaient tenté de brutaliser le mari d’Oum Hisham et Yuval était intervenu pour les arrêter. Il avait alors été exécuté dans les bras d’Oum Hisham. Depuis, elle lui rend visite au zoo pour l’apaiser dans sa mort.
Deuxième vision : Entre ce souffle et toi
Un Palestinien, Mourid, s’assoit dans la salle d’attente d’une clinique privée à Jérusalem-Ouest. Le concierge tente plusieurs fois de le faire partir mais sans succès. Mourid veut voir l’infirmière à tout prix. Le concierge s’en va et Tanya, l’infirmière, décide d’aller voir le Palestinien. Mourid raconte alors à Tanya qu’en elle vit son fils. Ayant peur qu’il s’agisse d’un fou, elle le menace d’alerter la police, déjà qu’il n’a pas le droit, en tant que Palestinien, de se trouver en territoire israélien. Mourid apprend alors à Tanya que, lorsqu’elle a reçu une greffe de poumons suite à une maladie pulmonaire, ce sont les poumons de son fils qui lui ont été donnés. Ainsi, à travers elle, Mourid entend son fils respirer.
Troisième vision : Un monde (qui) s’efface
Dans une convention colombophile internationale, Ali, un jeune Iraquien dans la vingtaine, raconte son amour incroyable pour les pigeons. À travers la description des pigeons qu’il a eus dans sa vie, il raconte son service militaire obligatoire pour l’armée de Saddam Hussein et la mort violente de son meilleur ami indéfectible, Samir, un dyslexique qui demandait à tout le monde de lui lire des livres. Ali raconte les effets de l’embargo international imposé à l’Irak et la jungle dans laquelle il arrive à survivre en vendant tout ce qu’il a, jusqu’à ses pigeons, pour obtenir quelques pelures de patate et parvenir à vivre jusqu’au jour prochain.
Naomi Wallace est une militante active en faveur des Droits de l’Homme. Elle siège au comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine. Ce tribunal créé en 2009 tente de mobiliser l’opinion publique afin que les Nations Unies et ses États membres prennent des mesures pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël, tout en réglant le conflit de façon durable et juste.
Dans sa pièce, Naomi Wallace dénonce avec justesse les injustices subies par les peuples du Moyen-Orient. Elle s’applique à dépeindre avec compassion les personnages de sa pièce et ne cherche pas de responsable parmi ceux-ci. Au contraire, sa plume devient davantage acerbe lorsqu’elle parle des États-Unis, les « Amerloques », ou des Nations Unies.