Ha : Que-cé qui peut ben faire toute shaker d’même? (…) Encore!? Sacrons notre camp!
Ho : Sacrament… c’est trop fucké…!
Ha : Fuck man, dis-y bonjour! (…) Chriss, y’a plus d’affaires icitte pis au ciel que dans toute tes bad trip de philo d’cégep… ! (…) J’pourrai pu jamais r’venir icitte comme avant. (…) Ok. Si t’alleur j’ai l’air fucké, vraiment fucké là, c’passe que j’vas peut-être faire semblant d’être fou. Ok. Mais quand ça va arriver, soit pas rough, ou mal, ou énervé, pis fait pas de signe ou dit pas rien genre douteux comme style que… « c’passe qu’on sait que… », ou « y’se pourrait ben que… » ou des affaires de même qui pourraient faire penser l’monde que tu sais quekchose sur moi. J’ai besoin toé man ! JURE !
Ghost : JURE !!!
Ha : Dodo, dodo ! va dormir le fantôme ! (…) Hey man ! j’te dit un secret. Si… Pauve moé. Pauve moé. Le pauve moé, Hamlet, j’peux toute faire pour toé, ok. (…) Come on, on s’en va ! Please dit rien. Y s’est rien passé. (…) Maudit, faut que je r’mette toute ça à l’endroit. Come on, vite, viens avec moi, on r’tourne à maison.
Ils sortent, entre Corambis et Montano (Lun)
Cor : Montano, va donner ces lettres-là pis c’t’argent-là à mon fils, avec ma bénédiction.
Lun : Oui monsieur !
Cor : J’m’inquiète pas qu’tu vas ben faire ça. (…) Enquête aussi sur sa vie, ses amis, ses fréquentations. Mêle toi à eux. Dis leur que tu l’as déjà vu saoul, drogué, gambler, filrter, ou manquer à sa parole. Tu peux aller aussi loin que ça.
Lun : Attaquer sa réputation ?!
Cor : Oui pis non. Une fois que tu les auras mis en confiance et qui vont être prêts à parler de lui, y vont t’apprendre eux-mêmes ses fautes. Tu comprends…?
Lun : Quand y seront prêts à parler de lui…
Cor : … quand ils seront en confiance pour parler de lui, donc…, c’est-à-dire…, je veux dire… Je veux savoir c’qu’y vont dire de lui. Comme, exemple : « Mon Dieu, oui, je l’ai vu hier, ou l’autre jour, ou je sais plus quand, … saoul, ou se battre, ou avec un pute, ou…je sais pas quoi.». Comme ça, en donnant tes fausses indications, tu peux trouver la vraie nature de quelqu’un, et de mon fils. Compris?!
Lun : Compris…
Cor : Ok, ’tension à toi.
Lun : Ok, ouais.
Cor : Et dis-y qui peut jouer sa musique.
Lun : Ok ouais ! Il sort, entre Ofélia
Cor : Bon, comment va Ofélia maintenant ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
Of : Papa, le Prince Hamlet est bizarre, vraiment bizarre, piteux. J’ai peur.
Cor : De quoi ? Pourquoi ? C’est quoi le problème mon Ofélie ?
Of : Hamlet, le seul gars vraiment hot du Danemark, est rendu fou. J’étais dans ’galerie. J’marchais toute seule. Y est venu me voir. Y’avait l’air perdu, pas là, genre un look distrait. Son linge était déchiré, ses running pas attachés. Y’me fixait. Y regardait mon visage comme si c’tait la dernière fois qui me voyait. Y avait l’air tout p’tit. Pis là y’me pogne par le poignet. Y serre pour sentir mon pouls, pis y soupir. Pis y s’en va. En silence. C’est le plein milieu d’la nuit. Ces yeux sont toujours sur moi. On dirait la fin du monde dans ses yeux. Y tourne même pas la tête par-dessus son épaule pour voir où y s’en va, pis y trouve quand même la porte sans même la regarder.
Cor : Drôlement malade… As-tu dit quekchose pour causer cette folie-là?
Of : J’ai pas accepté ces lettres ni ces cadeaux, comme tu me l’as d’mandé papa.
Cor : Pourquoi ça l’a rendu malade ? Saint-ciel, ceux d’mon époque pensent bon de se projeter plus loin qu’eux-mêmes, tandis que les jeunes pensent bon d’aimer leur excès de volonté. Eh ben, je suis désolé d’avoir fait autant de projections. Mais c’est quoi la solution ? Cette folie-là devrait prouver au Roi qu’elle est à la fois sauvage, et encore plus vraie que drôle.
Ils sortent