V2 Fragment XIV

Entre sur la scénette les personnages du Roi-de-quelque-chose et de la Reine-de-quelque-chose Se sont des danseurs de ballets (style Casse-noisette et le roi des SOURIS, dans une version intitulée : ‘Mouse-trap et le roi me cassera plus les noisettes’; les danseurs de ce ballet peuvent tous être déguisés en souris). Ils se croient seuls et jouent à des jeux amoureux, tel le chat et la souris. Un bruit de trappe! Le Roi-de-quelque-chose et la reine sursautent. Le roi tombe, se cogne la tête au sol et s’évanouit. La reine paniquée, essaie de le réveiller.

Dans la salle, des spectateurs parlent entrent eux. Les dialogues qui suivent se passent simultanément.

Ophélie : (Tout bas, à Hamlet) À quoi tu joues?

Hamlet : Je joue pas?

Ophélie : Qu’est-ce que tu cherches à prouver avec ça?

Hamlet : Je t’ai choqué? …

Femme 1: On va avoir droit à un beau spectacle …

Ophélie : Pourquoi?

Homme 1 : J’aime pas le ballet!

Hamlet : Hummm…T’es belle quand tu choques…

Femme 1 : (Regardant les collants des danseurs masculins) C’est pas le ballet que je r’garde…

Ophélie : J’ vous ai posé une question!

Homme 1 : Hein?

Ophélie : Répondez!

Hamlet : T’es encore plus belle!!!

Entre sur la scénette un homme qui est habillé en casse-noisette

Casse-noisette: (Très cérémonial) Sire le Roi, Madame la Reine et chers membres de la cour…

Hamlet : C’est un prologue ou une messe? Abrégez!

Casse-noisette: …nous vous offrons un extrait de notre nouveau spectacle et sommes soumis à votre clémence…

Ophélie: C’est short and sweet my lord.

Hamlet : Comme l’amour d’une femme…

Ophélie le lance un regard vif.

Hamlet : Je n’ai plus de temps à perdre ma princesse.

Le Roi : (S’adressant au casse-noisette) Vous pouvez commencer.

Hamlet : (Au Roi. Avec empressement.) Vous allez apprécier!!

Le Roi : Excellent…

Femme 2 : Vous savez au sujet d’Hamlet?

Femme 3 : Qu’est-ce qu’il a fait?

Femme 1 et homme 1: Chut…

Femme 2 : ho…

Ophélie : Qu’est-ce que t’as fait?

Hamlet : Chut…. Écoutez les chat-rtistes… Les souris ne savent pas tenir leur langue. Ils finissent toujours par la donner au chat. (Hamlet sort la langue et l’agite.)

Ophélie : (Visiblement fâchée par son geste.) Avez-vous donné votre langue au diable?

Hamlet : (…)

Le Roi-de-quelque-chose (se réveillant et s’exprimant en alexandrins): Tant de belles années… mais mon heure à sonner : Il est venu déjà, le temps de vous quitter. Ô, heureux, nos deux cœurs unis comme un seul, qui Ont connu le bonheur, à l’abri des ennuis. Mais maintenant, le sang qui coulait en mes veines Trop faiblement parvient en mes vaisseaux, et peine À nourrir mes muscles. Je vois la fin du voyage Et je vous rends, Madame, un dernier hommage. La douce Nature devra payer son dû, Et pour le ciel, je vais quitter la Terre ainsi Que vous, si charmante, qui resterez dessus?

La Reine-de-quelque-chose (s’exprimant aussi en alexandrins): Ne dites pas cela. Ne dites pas cela! Ô de peur… ô de peur que vous tuiez mon cœur. Quand la mort vous prend, la vie me quitte elle aussi. Cette chute ne peut vous avoir qu’étourdit!

Le Roi-de-quelque-chose: Contenez-vous et ne tremblez pas de douleur, Madame, lorsque j’aurai terminé ce jour. Je vous aimerais toujours. Non, ne pleurez pas. Trouvez-vous un compagnon plus noble et plus sage Que le chagrin. Unissez-vous à votre tour…

La Reine-de-quelque-chose (lui coupant la parole): …Ô n’en dites pas plus, et que j’en sois ensuite Accablée. Non, ô non, aucun second mariage Ne saurait tuer le premier : je m’y refuse. Tuer une deuxième fois mon Seigneur Lorsqu’un second tendre époux m’embrasse et m’amuse? Je préfère encore le chagrin ou la fuite.

Hamlet (avec arrogance, vers sa mère) : Merveilleux! Merveilleux!

Le Roi-de-quelque-chose:

Mais diable de quoi me parlez vous ici? Je disais… lorsque j’aurai terminé ce jour, Trouvez-vous un compagnon plus noble et plus sage Que le chagrin. Unissez-vous, à votre tour, À ma force et à mon courage, et préservez Toujours dignement mon splendide héritage. Et sans laisser la beauté périr avec moi, Quand votre premier Roi est mort, ne pleurez pas Trop longtemps, car verrait-on, au ciel et sur Terre, Dans la perte de votre sourire si cher, Un énorme crime contre l’humanité. Alors, en blanc, libre à vous de vous remarier.

La Reine-de-quelque-chose: Sur la Terre et le ciel, je jure, je serai Jours et nuits, poursuivie d’un trouble accablant. Mariée une fois, je suis femme, pour toujours, Vôtre. Jamais aucun autre, vous m’entendez Ne saurait, ne pourrait, regagner mon amour. Non, je ne veux point trouver plus brillant amant Que vous.

Hamlet (en même temps que la Reine-de-quelque-chose): (Que vous.) Si je dois dès maintenant souffrir, bien.

Le Roi-de-quelque-chose: Ô, quel profond souhait! Chère et tendre, un instant… Laissez-moi ici, trouver vite un médecin Je vais guérir, je ne suis pas tant mal en point! Jamais, non jamais on ne meurt en trébuchant!

La Reine-de-quelque-chose: Ô, le sommeil ne gagnera pas votre esprit. Je cours, je vole! Ah! Docteur venez vite ici! La Reine-de-quelque-chose sort

Hamlet : Ma mère, ma Reine, qu’en pensez-vous?

Reine Gertrude : C’est le désespoir qui parle à travers eux mon fils.

Hamlet : Oh, mais l’honneur y tient parole!

Roi Claudius: En effet, il n’y a pas dans ce ballet matière à condamner quelqu’un, il me semble?

Hamlet : Aucune infraction… Roi Claudius: Quel est le titre de ce ballet?

Hamlet : La souricière!

Reine Gertrude : La Souris-Piège?

Roi Claudius : La Sou-ris-ci-ère…

Hamlet : À l’image d’un meurtre fait en Guinée… Albertus…, c’est le nom du roi. Sa femme c’est Batista. Lucianus, c’est son neveu. Touchant, n’est-ce pas?! Ça vous touche pas? C’est triste…

Ophélie : Triste, encore, … toujours le même refrain mon seigneur?

Hamlet : (avec ironie) Oh, vous m’entendez chanter. Vous, vous m’entendez? Qui? moi? Oh… Je peux interpréter ça comme un signe d’affection…?

Ophélie : Ah, ah! … Very funny my lord.

Hamlet : (avec ironie) Qui moi? Pourquoi un homme devrait faire autr’ chose qu’être joyeux? Hein? Look comment ma mère a pas l’air accablée! Mon père est mort y’a deux heures…

Ophélie : … Nay, deux fois deux mois mon seigneur!

Hamlet : Deux mois. Wow… Voyez notr’ deuil! On s’es-tu tous habillés en noir!? Un voyage de sable, yes, c’est ça. C’est ça notre deuil. Jezus! Deux mois, pis on a tous oublié?!! Ouain… Y’aurais-tu certains risques à se rappeler? Non. Un gentleman peut mourir, mais y survit toujours dans les mémoires! Et après lui on doit construire des églises, suivre les vieux épîtres, ou… (soupir de colère) Pas l’oublier comme un vieux le poulain! Hoh, ho, hobi! Non.

Ophélie : Vous ne vous maîtrisez plus. Vos pensées sont reines mon seigneur.

Hamlet : Il vous en coûterait d’être votre propre reine? De grandir un peu? De prendre congé de moi?

Ophélie : Pour le meilleur et pour le pire my lord…

Hamlet : (À Ophélie) Alors commencez par prendre un mari. Commencez à assassiner. Hen, commencez par abandonner votre visage de damnée. Et venez, par en dessous, comme toujours, pour votre revanche. (Pour lui-même, imitant les comédiens) « Pour me combler une dernière fois, jurez-moi que vous prendrez un époux, promettez-moi que vous choisirez un mari qui vous chérira, qui vous aimera jusqu’à la démesure et qui vous fera renaitre de mes cendres. »

Entre sur la scénette Lucianus (aussi un danseur de ballet). Il sort de l’ombre alors que la reine-de-quelque-chose paniquée est partie en courant chercher un médecin. Dans sa confusion, le roi-de-quelque-chose croit que Lucianus vient le soigner.

Lucianus prononce une incantation, une formule magique : Certes, j’ai promis d’aimer, très cher allier, Tout ce que vous êtes, jusques -à aujourd’hui. Mais ce que nous promettons, souvent nous détruit. Parfois au-delà de nos possibilités, Malgré toutes les nobles pensées qui sont nôtres, Ô, de leur finalité aucun ne dispose.

Il verse quelque chose dans son oreille. Le corps fait un soubresaut et tombe de nouveau. Il sort.

Entre sur la scénette la Reine-de-quelque-chose. Elle revient en courant parce qu’elle a entendu quelque chose… Elle trébuche sur le corps de son mari et le trouve paralysé, presque mort.

La Reine-de-quelque-chose:…Ô! Ô! Au secours! Ô non, ô non, mon amour!

Le Roi-de-quelque-chose: Laissez-moi ici…, car mon esprit terni feint D’être séduit par le… le fastidieux temps Du sommeil qui appelle dès lors mon destin.

La Reine-de-quelque-chose (avec tendresse): …Ô! Ô! Mon amour, je vous aimerai toujours! Que la malchance jamais ne vienne entre vous Et l’éternel repos de votre âme, sachant Que même au ciel, je me souviendrais de nous.

Et le Roi-de-quelque-chose meurt dans un dernier soupir.

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