!!(Damnlet, Poltronius, Ros et Gill)
Damnlet entre en scène avec un livre à la main. Poltronius est déjà là.
Poltronius : Monsieur, pourriez-vous vous asseoir ici s’il vous plait.
Damnlet : Ah!… Ah!…Mais bien sur monsieur le président. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour ma patrie?
Poltronius au public : Mais c’est qu’il me prend pour le président? Serait-il vraiment fou… À Damnlet. Que lisiez-vous mon seigneur?
Damnlet : Des mots, des mots…
Poltronius : Et que racontent-ils?
Damnlet : Les mots parlent maintenant? C’est drôle, ils ne m’ont jamais rien dit à moi…
Poltronius au public : Je ne comprend plus rien…Il est fou! À Damnlet. En fait, monsieur j’ai une surprise pour vous.
La porte claque. Un temps. Entre Ross et Gill, habillés en agent secret.
Damnlet se levant d’un coup sec : Ross! Gill! Mais qu’est-ce que vous faites là?
Ross : On voulait avoir de tes nouvelles! Qu’est-ce qui se passe de bon avec toi?
Damnlet : Sérieusement, qu’est-ce qui vous amène?
Ross: On pensait à toi, tout simplement. Je te l’ai dit.
Damnlet : Vous mentez. Têteux! Sensu! Gill, tu ne me mentira pas toi. Pourquoi êtes vous venus?
Gill comme un mauvais acteur : Je tenais absolument à avoir de tes nouvelles.
Damnlet : Foutez moi la paix!
Damnlet tente de quitter la scène. Les trois hommes vont le chercher et le ramène brutalement sur la chaise.
Ross : Non, non. Tu t’en iras pas comme ça. C’est vrai, on nous a demandé de venir. Mais c’est par amitié qu’on a accepté. On t’aime Damn.
Gill enthousiaste: Ouais!
Poltronius : Monsieur, dites-nous ce qu’y ne vas pas. Pour le bonheur de votre mère…
Gill compatissant: Ouais…
Ross : Pis si tu parle pas, le grand, Gill va trouver une façon de te faire parler.
Gros sourire de Gill.
Gill : Ouais!
Il lui place son épée sous la gorge.
Damnlet : Mais… Mais…(Avec hésitation) Poltronius?
Poltronius en se bouchant les oreilles : J’entend rien. Je ne vois rien. J’entend rien. J’aime ma patrie la la la.
Ross : Ah! Alors, dit moi Damn. Raconte moi ce qui vas pas. On est là pour t’écouter nous.
Poltronius soudainement: Monsieur, pourquoi avez vous changer? Vous étiez si docile avant. Vous faisiez le bonheur de vos parents. Maintenant, ils ne cessent de s’inquiéter pour vous. Seriez-vous en peine d’amour par hasard?
Damnlet ne fait rien. Il reste de glace.
Gill: Parle! Il le frappe au ventre. Tu vas parler sinon je continus. Il le frappe une seconde fois.
Hamlet rie de bon cœur.
Ross : Je te l’avais dit. Y faut pas que tu le mette en colère. Y va te faire passer un très mauvais quart d’heure.
Gill refrappe Hamlet.
Damnlet : En chantant
Il est un doux pays
Avec de larges hêtres
Au bord des flots d'azur.
Il ondule en contours si purs.
Dans ses abris champêtres
L'amour vit calme et sûr
Poltronius : Ah! Il l’avoue. Il souffre d’amour. J’ai aussi souffert par amour quand j’étais jeune. Ah, je me souviendrai toujours Guert…(Il reste un temps songeur, puis il dit, plus sec) Damnlet, dit nous ce qui vas pas.
Damnlet : Le coupant, encore plus fort
Les Vikings sur leurs nefs
Y rentraient (courte pause)
Fêter leurs durs combats.
Puis sus à l’ennemi, là-bas
Leurs ossements reposent
(Il arrête un moment)
Ross : Bon, y se met à chanter l’hymne national. Je crois qu’il est vraiment fou. Gill, continue.
Damnlet en chantant: Puis sus à l’ennemi, là-bas leurs ossements reposent
Gill se place en avant de lui et le frappe à grand coup. Ross et Poltronius se placent de chaque côté. On ne voit plus que le dos des trois hommes qui frappent Damnlet. Pause. Damnlet se met à rire très bruyamment. Puis, les trois hommes sursautent et reculent.
Ross indigné: Mon ami, si vous réagissez comme cela… C’est bien malheureux pour les tragédiens qui viennent vous rendre honneur.
Gill : Oui, mon ami. Ne soyez pas si hostile
Damnlet doucement: Là-bas leurs ossements reposent... Ah!!!Je souffre!…Vif. Quoi, des acteurs? Je veux les voir. (Damnlet se lève d’un coup sec) J’aime les acteurs! Qu’on m’amène à eux.
Gill et Ross en criant: Qu’on amène Hamlet aux acteurs! Qu’on amène Hamlet aux acteurs!
!!(Damnlet, Poltronius, Ross et Gill)
Hamlet sort d’un entretient mouvementé avec Ophélie. En sortant du théâtre, il fonce dans Poltronius qui entrait d’un pas décidé. Les deux hommes se regardent d’un regard embrasé. Hamlet tient à la main le scénario que lui a remis Ophélie.
POLTRONIUS : Que lisez vous ?
Hamlet regarde le scénario. Un temps
HAMLET lentement: Rien d’important. (Une temps) Des mots, rien que des mots
POLTRONIUS: Et que disent-ils ces mots ?
HAMLET : Ah ! Les mots vous parlent à vous. Rire nerveux.. Pour moi, ils ne veulent plus rien dire.
POLTRONIUS : Hamlet…Pardonnez moi mon seigneur mais, je dois y aller…
Poltronius repart rapidement vers l’endroit d’où est sortie Hamlet.
HAMLET : Si vous saviez, il n’y a rien au monde qui ne me ferait autant plaisir…
Hamlet s’assoit sur une chaise, épuisé.
Entre Ross et Gill.
ROSS criant: Seigneur Hamlet ? Seigneur Hamlet ?
Hamlet se retourne d’un coup, surpris.
HAMLET : Ross ! Gill ! Mes amis ! (Il sert les deux hommes dans ses bras.) Mais que faites-vous si loin de Wittenberg?
ROSS : Vous savez, la nouvelle a circulé que vous prépariez un spectacle. On ne voulait absolument pas manquer ça !
GILL : C’est vrai ! Comment avance le travail ?
HAMLET : Venez vous vraiment pour ma pièce ? Je ne vous ai jamais su amateur de théâtre…
ROSS : Vous savez, on voulait venir pour vous encourager. On a cru qu’en tant qu’ami, notre place était près de vous…
HAMLET : Ce n’est pas pour ça que vous venez ! Je le sais. Mes amis, dîtes moi la vérité pour l’amour de dieu. Hamlet commence à se gratter les yeux
GILL mauvais acteur: Mais c’est vrai ! En voyant votre publicité, on s’est dit qu’il fallait venir vous voir. Pour notre amitié…
ROSS : En plus, il faisait si longtemps que nous n’étions pas venu au Danemark… Je n’y suis pas revenu depuis bientôt dix ans.
Hamlet se frotte frénétiquement les yeux. Il est visiblement agacé et nerveux.
HAMLET : Ok ! Arrêtez moi ça. C’est pas vous ça ! Dîtes moi ce qui vous attire ici. Pour notre amitié comme vous dites…Hamlet arrête de se gratter et se rapproche lentement des deux hommes. Il y a une sorte de confession dans vos yeux. Parlez ! parlez donc….
Ross et Gill ne sont plus capable de parler normalement.
ROSS : Oui…. Invité
GILL : Roi Claudius… Hamlet… Claudius
HAMLET : Ah ! Vous n’êtes pas capable de parler ? Qu’est-ce qui vous empêche de parler ? Le poids de la trahison ? Le fait d’avoir trahit votre ami ? De l’avoir poignarder dans le dos ? Pourquoi êtes vous là ? Le roi vous a invité ? C’est bien ça ? (Rageur) Vous n’êtes que des traîtres. Que des ânes, que des chiens. Qu’est-ce qui vous a promis ? Qu’est-ce qui vous a promis pour que vous veniez m’espionner ? Pourriture ! Ânes ! Chiens !Il se rapproche d’eux de plus en plus Parlez !
Gill tombe de faiblesse.
ROSS apercevant la chute de Gill : Nous.. On… Vu… Les Co co co comédiens !!
Ross pointe la sortie du théâtre.
HAMLET : Quoi ?! Les comédiens ! Les comédiens ? Les comédiens sont arrivés à Elseneur ? Il faut que j’aille les accueillir. (Il part à courir vers la sortie du théâtre. On continue à l’entendre en voix off.) Comédiens ? Comédiens ? Où êtes vous ? Comédiens ? Comédiens !
Ross tombe à son tour. Il semble épuisé.
« GILL : Que faisons nous ici, je me le demande
ROSS : Tu peux te le demander
GILL : Nous ferions mieux de continuer. »
ROSS : Continuer ?
GILL : Oui… Continuer
« ROSS, actif : Oui ! (Un temps) Mais où ?
GILL : En avant »
Personne ne bouge
ROSS : En avant.
Personne ne bouge. Un temps.
( Les répliques entre guillemets viennent de la pièce Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard, 1967)