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(1962)
Un couple de quarantenaires, Martha et George, dont l’amour se traduit par un désenchantement et un ardent désir d’humilier l’autre, revient d’un souper chez le père de Martha, doyen de l’Université de Nouvelle Carthage. Martha a invité un jeune couple, Nick et Honey à venir prendre un verre chez eux après la soirée. Les deux couples se retrouvent donc à deux heures du matin chez Martha et George. Au cours de cette rencontre bien arrosée, Martha et George se vouent un duel incisif, sans trêve ni concession où les illusions se heurtent à la réalité. Une chicane d’une rare violence éclate entre le vieux couple, et ce, devant le jeune couple dérouté. Martha humilie George, allant jusqu’à aborder un sujet tabou, celui de leur fils. Si Martha tente de narguer George et que celui-ci en fait autant, les invités sont intégrés au jeu se présentant comme des objets de manipulation pour déstabiliser et alimenter la haine que le vieux couple se porte. Si Martha couche avec Nick pour rendre jaloux George, celui-ci profite de la naïveté de Honey, lui faisant croire que leur fils est mort. La pièce se termine peu après que Nick ait mis en lumière l’incapacité du vieux couple à avoir des enfants.
Qui a peur de Virginia Woolf ? aborde le couple traditionnel américain se confrontant à l’éminence de sa propre désintégration. Si Martha et George sombrent dans une lutte quasi bestiale visant à écraser l’autre, la dualité est d’autant plus amère, puisque montrée à un jeune couple troublé par tant de violence.
Suite à la diffusion de la pièce, le titre a suscité bon nombre d’interrogations. À plusieurs reprises, George ou Martha chantent : «Qui a peur de Virginia Woolf ?», sur l’aire de Who’s Afraid of Big Bad Wolf ? du film Les trois petits cochons de Walt Disney. Pour sa part, Albee explique que le titre pose, en fait, la question suivante : « Qui a peur de vivre une vie sans illusion?»
Lors de sa création, la pièce causa scandale tout en remportant un immense succes. Le conseil d’administration du prix Pulitzer ayant été divisé quant à l’aspect controversé de cette pièce, le prix ne fut pas attribué cette année-là (1963).