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Cinq filles couleur pêche (Five Women Wearing the Same Dress)

(1993)

Alan Ball — traduction de Anny Romand et Yvon Marciano

Manhattan Class Company : New York (1993)

Comédie dramatique

Famille, amour, amitié, relations interpersonnelles, viol, apparences, homosexualité

personnages : F 5, M 1

Sandy, icône de la perfection, vénérée par son entourage pour son élégance, sa carrière fantastique et son richissime amoureux, reçoit chez elle toute sa famille pour célébrer son mariage. Triomphante dans son énorme robe de mariée -qui se rapproche plus de la montgolfière que du vêtement - elle fanfaronne au rez-de-chaussée tandis qu’à l’étage, dans son ancienne chambre, cinq jeunes femmes se réunissent dans l’amertume. Cinq demoiselles d’honneur, à qui Sandy a imposé le port d’un monticule de tissu couleur pêche (portant le nom de robe), qui leur donne une ridicule allure de meringue. Frustrations et règlements de compte ressurgissent alors que l’on ressasse de vieilles histoires d’amour et de famille. Mais ces cinq femmes, à la fois insolentes et resplendissantes à leur façon, émergent graduellement de l’ombre de la mariée en découvrant qu‘elles possèdent aussi leur éclat. Leur haine commune pour Sandy, au centre de leur complicité, se mue en compassion pour cette femme parfaite en apparence, qui n’est rien qu’un gouffre de solitude.

Permettons-nous quelque folie en affirmant de but en blanc qu’Allan Ball est un auteur extrêmement talentueux. Son écriture -aussi fine et tranchante qu’une lame de rasoir- nous permet de pénétrer l’univers réaliste de cinq femmes rongées par l’envie. L’expérience scénaristique de l’auteur transparait dans son écriture : la profusion de didascalies suggérant des images fortes, des gags visuels inventifs, fait évoluer l’action aussi bien que les dialogues. Ces répliques, souvent aussi acerbes que comiques, ont le rythme soutenu du sitcom et la profondeur sentimentale du drame. Ball traite des relations interpersonnelles avec une telle limpidité qu’il est aisé de s’identifier aux personnages et de ressentir leur douleur, sans toutefois verser dans le mélodrame ou la comédie de mœurs légère.
Seul bémol : la traduction d’Anny Romand et d’Yvon Marciano est légèrement trop franchouillarde, et, par conséquent, dilue l’impact de certaines répliques cinglantes.

Justine de l’Église?

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