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Californie paradis des morts de faim (Curse of the Starving Class)

(1977)

Sam Shepard — traduction de Pierre Laville

Royal Cour Theatre : Londres (1977)

Drame

Rêve américain, émancipation, famille, pauvreté, alcoolisme, adultère

personnages : F 2, M 7

Il s’agit du portrait tragique d’une famille dysfonctionnelle aux rapports destructeurs. Habitant une vieille ferme qui tombe en ruines, dans la misère, la crasse et la faim, les enfants, Emma et Wesley, sont pris entre les querelles constantes de leurs parents. Maintes tensions sont présentes à cause du père, Weston, alcoolique et colérique, qui dilapide son maigre revenu en voitures d’occasions, en alcool et en fausses opportunités de faire fortune… Criblé de dettes, il se met dans l’embarras, et des usuriers sont à ses trousses. De son côté, la mère, Ella, essaie de reprendre sa vie en main. Elle rencontre un homme, Taylor, mi-avocat mi-businessman, (ou plutôt mi-amant mi-arnaqueur), qui la convainc de vendre son terrain à l’insu de son mari. L’idée la séduit : elle pourrait ainsi fuir son taudis, et aller goûter une vie meilleure en Europe.
Pas de chance : Weston, cerné par ses usuriers, ivre mort, vend la maison pour la ridicule somme de 1500 dollars. Il souhaiterait s’enfuir au Mexique avec ce qui lui reste d’argent, mais curieusement, le montant reçu lors de la transaction a disparu. On se retrouve donc devant le malheur absolu de gens ruinés, aux rêves anéantis, qui se retrouvent sans moyens, sans logis et sans espoir.

Shepard traite du rêve américain avec énormément de pessimisme. L’Amérique rurale représentée dans cette pièce est suintante de désillusion. Les personnages rêvent d’émancipation vers l’Europe ou le Mexique, car l’Amérique, promesse de fortune et de réussite, s’est révélée comme étant un échec cuisant. Il n’y a aucune porte de sortie pour ces personnages torturés, qui tentent de fuir seuls. Ancrés dans l’individualité, ils ne cherchent jamais l’aide de l’autre, n’éprouvent aucune compassion pour leurs pairs et n’agissent que dans leur intérêt personnel. L’auteur brosse un portrait sombre d’une société marquée par l’écroulement d’un fantasme national.

Justine de l’Église?

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