(2005)
C’est jour de manifestation à New York puisqu’une conférence de paix historique se déroule pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. Pendant ce temps, un accusé juif, dont le crime est obscur et jamais clairement énoncé, assiste à son procès dans une cour de justice américaine, dirigée par un juge hypocondriaque qui ne semble plus avoir toute sa tête. Avec une défense évangéliste, raciste et parfois même hystérique ainsi qu’un procureur complètement préoccupé par des problèmes conjugaux, cette cour prend des airs de jungle incontrôlable. C’est avec ces personnages excentriques et excessifs que David Mamet nous présente cette farce déjantée et improbable pour en faire une métaphore de l’effondrement du rêve américain. Ici, il est impossible d’idolâtrer les personnages. Bien au contraire, le lecteur prend presque pitié devant cet accusé maladroit et pathétique qui n’arrive pas du tout à défendre sa cause inconnue. Bref, une pièce où les valeurs américaines classiques comme la démocratie, la justice et la liberté sont complètement mises à la dérive.
David Mamet se sert du conflit du Proche-Orient pour faire planer sur sa pièce un vent de découragement. C’est en partie pour cette raison que Romance est nourrie d’un humour noir et sinistre. L’écriture très rythmée de l’auteur, les nombreuses répétitions, les dialogues qui se chevauchent et s’égarent ainsi qu’un sous-texte non formulé ajoutent au comique de la situation. Ce texte de David Mamet, extrêmement précis et rythmé, impose une mise en scène pratiquement impossible à négliger. C’est à coup de marteau que David Mamet nous renvoie l’image de la société américaine. En d’autres mots, il tente de faire éclater un miroir au reflet inexistant [?] pour remettre en cause les certitudes du monde occidental.