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Californie Paradis des Morts de Faim-The curse of the starving class

(1977)

Samuel Sheppard Rogers — traduction de Pierre Laville

Joseph Papp. Public Theater. : New York Shakespeare Festival (1978)

Drame social/drame symbolique

Quête de sens, d’existence, de bonheur, la responsabilité individuelle et collective, la fuite, le temps, le poids du passé familial, la généalogie, la marge, la violence, l’agriculture, la pauvreté, l’alcoolisme, l’économie/finance.

personnages : F 2, M 7

Part ou crève.

Une famille pauvre, instable, isolée dans un ranch au cœur d’une Californie aride, caniculaire à en crever. Emma et Wesley sont les enfants d’Ella, une mère désengagé et volage et de Weston, un père alcoolique violent. En plus de l’accablante chaleur et de leurs ventres creux qui les assaillent, les relations qu’entretiennent les membres de la famille entre eux sont baignées d’une violente tension constamment présente.

Ils ont une chose en commun, tous rêve d’une nouvelle vie loin de leur enfer bouillant.

La pièce est divisée en trois actes. Au début du premier acte, on se retrouve dans la cuisine qui fait aussi office de salle à manger et d’entrée à la maison. Il est tôt le matin, on y découvre que la porte d’entrée a été défoncée pendant la nuit. On apprend par l’entremise de Wesley et d’Ella que c’est Weston, le père, qui a tenté d’entrer à la maison complètement soul. Arrive ensuite Emma, la fille, qui se met en colère contre sa mère lorsqu’elle découvre que celle-ci a dévoré le poulet qu’Emma avait mise de côté pour faire une démonstration durant l’après-midi. Emma n’en peu plus de sa famille, elle veut quitter le ranch, partir loin et se refaire une vie au Mexique. Dans cet acte, on apprend aussi qu’Ella et Weston ont tout deux entamé des mesures afin de vendre le ranch et d’en tirer profit pour s’enfuir vers une nouvelle vie. Ella tente son coup aux côtés d’un avocat douteux, Taylor, qu’elle a rencontrée il y a quelques temps, tandis que Weston, sur un coup de tête, a décidé la veille de vendre pour 1500$ le ranch à Ellis, un propriétaire de bar. Ni l’un, ni l’autre n’est au courant des plans de l’autre.

Le deuxième acte se passe la nuit suivante au moment où les ventes sont supposées se concrétiser. Se retrouve donc dans la même pièce, Weston et Ella, accompagnés de leurs acheteurs potentiels, Taylor et Weston. L’ambiance s’envenime rapidement, chacun voulant accomplir son plan sans se soucier de l’autre. Weston est soul, il s’évanouie sur la table de la salle à manger et y restera jusqu’à la fin de l’acte. L’action se termine lorsque le sergent Malcom arrive et annonce à Ella que sa fille est derrière les barreaux parce qu’elle a mis le feu à un bar, celui d’Ellis. Tous quittent la pièce, Wesley aux trousses d’Ellis et Ella et Malcom ensemble. Finalement, Weston se réveille, regarde autour de lui et ouvre le frigo.

L’acte trois débute par un étonnant revirement de situation. Tôt le matin, Weston est sobre, debout dans la cuisine il a fait la lessive et prépare le déjeuner pour Wesley. Avant qu’Ella et Emma reviennent à la maison à la fin de l’acte, Wesley aussi change étrangement de personnalité. Il se vêtit des vêtements sales de son père et égorge l’agneau que ce dernier a soigné. L’acte clôt sur une image ressemblant à la première, Wesley et Ella dans la cuisine, seuls après que Weston ait quitté et qu’Emma se soit enfuit.

Il est curieux de constater comment les stéréotypes banals, les thèmes archétypes comme la souffrance humaine et le destin qu’exploitent Sheppard se mêlent à des enjeux contemporains politiques et sociaux voir même à des questionnements philosophiques et existentiels (Quête de sens, d’existence, de bonheur, la responsabilité individuelle et collective, la fuite du présent etc.).

Y a t-il, dans la pièce une petite et une grande histoire ?

La maison en ruine, l’univers familial déséquilibré et malheureux que les personnages tentent de fuir, d’abandonner au lieu de travailler leur bonheur à partir de cela, cette famille isolée qui se laisse pourrir et qu’on regarde pourrir, ne serait-ce pas là une métaphore de quelque chose de plus grand ? Qu’est-ce que Sheppard dénonce à travers cette petite histoire ? L’histoire intime de cette famille est-elle une métaphore des Etats-Unis ?

«It’s more than losing the house- it’s losing de country» (Sheppard)

À lire : «La Cerisaie» d’Anton Tchekhov.

L’univers réaliste de «Californie Paradis des Morts de faim» est traversé par d’étrange monologues poétiques, symboliques, évocateurs de sens, créateurs d’images, par des paroles violentes, des comportements parfois exagérés, inquiétants et par des changements radicaux chez les personnages. Que nous apprend le croisement entre le drame social réaliste et le drame symbolique sur la fable ? Quelle perspective particulière cela donne au lecteur ? Peut-on parler d’allégorie ?

Dans l’oeuvre de Sheppard, les pièces «L’Ouest, c’est ca», «Californie Paradis des Morts de Faim» et «Buried Child» (pas de traduction française) sont considérées comme une trilogie. «Family Trilogy»

[~Myriam Stéphanie Perraton-L.]

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