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(1990)
Une peinture de Kandinsky suspendue en fond de scène; on est chez les Kittredge. Flanders et Louise, dont les enfants ont quitté la maison, reçoivent Geoffrey, un ami riche qui peut les aider à conclure une transaction marchande d’une toile de Cézanne. Ils transpirent d’intérêts et d’envies. Cependant, Paul, un jeune homme noir ensanglanté, fait son intrusion dans leur vie comme un bulldozer. Il dit être l’ami de leurs enfants. De mensonges en mensonges, il les charme tout comme de nombreux couples dans les environs. Quand le pot aux roses est découvert, une chasse à l’homme s’en suit à la manière d’Agatha Christie. Les péripéties se succèdent et on découvre finalement la vérité sur cet homme qui ne souhaite finalement qu’être aimé et aider les autres. Malgré tous les mensonges, leur amour de l’homme liera Paul et Louise. Ils se font la promesse d’une vie meilleure, mais les choses ne se déroulent toujours pas comme on l’espère. La fin laisse pourtant présager que peut-être l’amour, la reconnaissance et l’enthousiasme de faux parents durant un instant, aussi bref soit-il, ont été suffisants.
Bâti de très courtes répliques, avec parfois ici et là, des blocs, « 6 degrees of separation » est un feu roulant. Les personnages s’alternent rapidement sur scène, notamment dans de multiples conversations téléphoniques. On assiste même la scène de départ deux fois plutôt qu’une. Cousine d’ «Angels in America » de Tony Kushner, la pièce de Guare a les deux pieds plantés dans son époque tout aspirant à une sorte de sagesse humaine. À la manière de l’art moderne du 20e siècle construit en collage, le texte renferme de nombreuses références à la culture populaire et artistique américaine et internationale. Les sujets sont vastes, ils vont des assassinats de Lennon ou Reagan jusqu’au film musical Cats. Pour ce qui est des couleurs, celles vives des costumes évoquent la fresque de la Chapelle Sixtine une fois nettoyée du mensonge des années. Et Paul, le seul personnage noir de la pièce, fait tâche sur la blancheur des autres.