(2004)
La pièce nous est racontée par la fille aînée de Godfrey Crump, Ernestine, âgée de 17 ans. Elle raconte comment la famille est partie de la campagne suite à la mort de sa mère, pour aller s’installer en ville à New York. Elle nous dépeint leur situation, en se basant sur une année (le prologue associé à l’automne, le premier acte à l’hiver, le second acte au printemps et l’épilogue à l’été), et nous raconte la relation étrange qu’ils ont entretenus avec la soeur de la femme de Godrey. Godfrey est tombé amoureux d’une allemande et s’est marié avec elle, ce qui a occasionné un conflit dans sa famille, en raison de la situation historique (la pièce se passe en 1950). L’histoire se termine avec la graduation d’Ernestine, qui reçoit son diplôme du «High School», et qui entrevoit son avenir de révolutionaire.
Cette pièce est racontée de façon très tendre. Le style narratif est sensible et humain, les personnages complexes et vivants, intéressants. Il y a une grande part de symbolique dans l’histoire, notamment à travers les multiples “notes” que prend Godfrey (les questions qu’il veut poser à son pasteur) et la musique afro-américaine (qui revient de différentes façons pendant la pièce).
Un autre aspect intéressant de l’écriture dramatique est la part d’imagination, de «daydreaming» du personnage d’Ernestine, qui nous raconte un événement pour nous dire tout de suite après «En tout cas, j’aurais aimé que ça se passe ainsi» et se corrige en nous racontant la vraie version de l’histoire. C’est intéressant car les pistes deviennent brouillées, et si elle nous dit elle-même que certaines des choses narrées sont fausses, on se demande si d’autres qui nous sont contées comme vraies ne seraient pas également fausses. Ernestine ment. Ernestine rêvasse. Ernestine désire et souhaite, rêve. Cet élément joue sur la mémoire et le passé de façon très surprenante, mais plausible: la subjectivité de l’interprétation personnelle prenant parfois le pas sur l’objectivité des fait historiques.