« 00093 · Éditer le formulaire · 00095 »
(1985 ; 1993 (traduction))
Florence, femme obsessive et hypocondriaque qui a besoin d’exercer un contrôle constant sur ce qui l’entoure, est laissée par son amoureux Paulo avec lequel elle était mariée depuis 14 ans. Défaite, elle se rend chez Olive, son amie de longue date, qui lui propose d’emménager chez elle. Habitant seule dans un appartement en bordure du parc Lafontaine, Olive se dit que la présence de son amie évincera son sentiment de solitude et la rendra plus gaie. Or, Florence, pour se remettre de sa peine d’amour, entreprend non seulement de nettoyer et de refaire la décoration de l’appartement de son amie, mais elle change tout à fait le mode de vie de celle-ci, lui imposant un menu sophistiqué, un horaire précis et des habitudes strictes visant à entretenir une constante propreté dans l’appartement. L’hypocondrie de Florence met même un terme à une soirée romantique, initiée par Olive, des deux femmes en compagnie de leurs deux sublimes voisins de pallier espagnols. Exaspérée de la présence harassante de son amie, Olive en vient à la mettre à la porte, la suppliant de se trouver un autre logement. Cependant, malgré la frustration réciproque des colocataires, l’amitié triomphe. Olive, en retrouvant un espoir de tranquillité, pardonne à Florence tandis que celle-ci, qui s’apprête à emménager avec les deux Espagnols, reconnaît qu’Olive lui a fait prendre conscience de son besoin de contrôle démesuré.
Il s’agit de l’adaptation au féminin d’un des plus grand succès de Simon, The Odd Couple (1965).
Il est pertinent de noter que Louis-Georges Girard a effectué une adaptation et non une traduction de l’œuvre américaine. Ainsi, le scénariste québécois a transposé l’action de la pièce de Simon au Québec. Par exemple, Olive habite en face du parc Lafontaine et elle organise, avec Florence et quatre de leurs amies, des soirées dédiées au jeu de société « Quelques arpents de pièges ». De plus, le texte de Girard est truffé de références à des figures québécoises telles Jean-Luc Mongrain, lecteur de nouvelles à TQS, Janette Bertrand, créatrice de la télésérie l’Amour avec un grand A et Youppi, mascotte des anciens Expos de Montréal. Or, au-delà des référents culturels distincts, des éléments de la version originale, notamment l’humour de Simon, subsistent dans l’adaptation.
À ce propos, le comique de la pièce, assez peu subtil, repose sur le contraste des caractères d’Olive et de Florence. C’est donc principalement le choc créé par la cohabitation de ces deux personnages opposés qui déclenche – ou est supposé déclencher – le rire du lecteur ou du spectateur. À cet effet, cet humour grossier, jonglant avec les stéréotypes, les réactions démesurées et les personnages caricaturés, paraît entretenir certaines similitudes avec le burlesque des années 1920. Ce type de comédie, d’abord présenté sur les scènes américaines, a vite été repris par les artistes de la scène au Québec. À ce sujet, il serait intéressant de se demander si la résonance québécoise de l’humour de Neil Simon – dont l’adaptation de Louis-Georges Girard est la preuve – est susceptible de s’expliquer par sa similarité avec le burlesque.